La mort de Moulay Hassan à l’été 1894 est un tournant de l’Histoire du Maroc. Son successeur, Moulay Abdelaziz, qui n’est alors qu’un enfant, fait basculer le pays dans une toute autre histoire, celle du XXème siècle. Mais que cache réellement la disparition de son père, considéré comme le dernier des sultans d’une époque révolue ?
La mort d’un homme est difficile à cacher. Et celle d’un sultan d’autant plus. Pourtant, durant au moins trois jours de l’été 1894, seule une poignée d’individus sont dans la macabre confidence. Quant aux autres, ils continuent à servir de près ou de loin les ordres d’un souverain qui n’est plus en réalité qu’un cadavre.
Il faut dire que le sultan Moulay Hassan Ben Mohamed n’a pas choisi le lieu le plus propice pour quitter ce monde. Celui qui passe quasiment la moitié de son règne en expédition militaire rend l’âme en territoire hostile, en plein pays Tadla, où il est venu mater une tribu dissidente. De fait, taire sa mort est un gage de sécurité pour l’ensemble de sa Mehalla, c’est-à-dire la cour ambulante qui l’accompagne dans ses déplacements. Mais le risque d’une attaque ennemie n’est pas le seul enjeu consécutif à la mort de Moulay Hassan. Le sultan, âgé de 58 ans, n’a pas pris la peine de désigner explicitement son successeur parmi ses fils ou sa famille proche.
Il existe bien un candidat naturel en la personne de son fils ainé, Moulay M’hammed, qui a déjà rempli le rôle de khalifa (substitut) du sultan dans plusieurs villes impériales.
Par Sami Lakmahri
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