Comment, depuis Sebta et Melilia, en passant par les îles Chafarines, l’Espagne en vint progressivement à créer le «Sahara espagnol».
Le voisinage crée inéluctablement des frictions. Mais les frictions entre le Maroc et l’Espagne furent d’une nature toute particulière, car il s’agit d’un rift civilisationnel. D’un côté, l’aire de ce qui était la chrétienté ; et de l’autre, dar al islam. Or, par intermittence, l’une des parties avait exercé son emprise sur l’autre.
Du temps des Romains, les deux rives étaient considérées comme un ensemble. Avec l’avènement de l’islam, depuis 711, les deux rives faisaient, culturellement, une même entité, et politiquement, par intermittence, l’une était soumise à l’autre. Le califat de Cordoue étendait son emprise du Maghreb (ou la «berbérie») et, par un renversement de situation, les Almoravides puis les Almohades, de leur capitale, Marrakech, administraient al-Andalus qui, dans la connotation arabe, couvraient toute la péninsule ibérique.
La donne commença à changer depuis la défaite des Almohades en 1212, suite à la bataille de Las Navas des Tolosa, et à l’avènement de ce qui était la Reconquista, ou le recouvrement de ce qui était chrétien, qui s’acheva par la chute de Grenade en 1492, mais ne s’arrêta pas là, dans la perspective de (re)christianiser l’Afrique du Nord. La papauté avait tranché, en livrant la Méditerranée à l’Espagne, et l’Atlantique au Portugal.
Par Hassan Aourid
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