L’année 1973 s’ouvre par une tentative d’assassinat de deux opposants, Mohamed Elyazghi et Omar Benjelloun. Et se termine par la Guerre du Kippour. Entre les deux, que de saillies et que soubresauts pour une année qui changera le destin du Maroc et verra Hassan II reprendre définitivement la situation en main.
L’autre chance de Basri a été que Dlimi s’est vu confier, à la même époque, des missions de plus en plus militaires. Il ne faut pas oublier que l’affaire du Sahara a démarré dans le Maroc de l’après – coups d’état, bien avant la Marche verte. Avant d’être militaire, Dlimi était d’abord un policier. Un spécialiste du renseignement et de la répression. Il avait des ambitions pour la future DST, qu’il tentait de contrôler et qu’il aurait pu récupérer dès sa création, si Hassan II n’avait pas d’autres calculs en tête. En 1973, Hassan II est un homme nouveau. C’est un miraculé qui vient d’échapper, coup sur coup, et à un an d’intervalle (un record), à deux tentatives de coup d’état. Il en a tiré des conclusions. En plus de la faillite de son système de renseignement, qu’il était urgent de réformer, le monarque a compris la nécessité d’éloigner les militaires de toute interférence avec le monde politique, voire avec le monde civil. La passerelle armée – police, par exemple, qui fonctionnait si bien sous Oufkir, un peu moins sous Dlimi, a été coupée. Hassan II, dont la personnalité et la gestion de la chose publique ont été profondément affectées par les deux putschs militaires, a compris le danger que pouvait représenter l’émergence d’un nouvel fort après Oufkir. Dlimi était prêt à assumer le rôle, Hassan II l’était moins. L’apparition d’un front sud pour l’armée marocaine, suite à la création du front Polisario, a été une aubaine pour éloigner et «occuper» Dlimi, le coupant au passage de ses entrées dans le monde civil et politique.
Par Karim Boukhari
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