Il y a 50 ans, s’est déroulé l’un des procès les plus retentissants de l’histoire contemporaine du Maroc. Accusés d’avoir organisé, ou d’être impliqués dans le coup d’Etat dit des aviateurs, plus de 200 militaires ont comparu devant le tribunal martial de Kénitra entre octobre et novembre 1972. Un épisode qui fait certes le procès de l’armée, mais aussi celui du régime…
Sous une pluie battante et un ciel gris aussi triste que la cour du pénitencier de Kénitra, onze hommes marchent vers la potence. Ils sont fusillés en ce matin du 13 janvier 1973, dans une scène devenu l’épilogue d’un scénario d’une intense dramaturgie. À l’extérieur, les Marocains sont occupés avec les préparatifs de Aïd El Adha. L’exécution est d’une surprenante discrétion. Le tournant de l’existence de ces condamnés, tous officiers ou sous-officiers des FAR (Forces Armées Royales), se joue quatre mois plus tôt, au cœur de l’été 1972. Le 16 août, une escadrille d’avions de chasse de l’armée de l’air marocaine intercepte l’avion royal de retour de France. Les premiers tirs de mitraillettes confirment aux occupants de l’appareil qu’il s’agit bien là d’une tentative de coup d’état, un an seulement après la précédente qui avait eu lieu dans le palais de Skhirat. Moins sanglante que la précédente, celle-ci est à l’origine planifiée pour faire croire à la thèse de l’accident d’avion. Mais le plan ne se passe pas du tout comme prévu.
Par Sami Lakmahri
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