Rabat s’est vêtue de son costume de capitale du patrimoine culturel immatériel mondial afin d’accueillir la 17ème session du Comité intergouvernemental de l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, du 28 novembre au 3 décembre. L’occasion pour le Maroc de confirmer que la question du patrimoine est bien d’intérêt national…
« Que, par un choix délibéré, Rabat accueille les travaux de cette rencontre, voilà qui témoigne du grand rayonnement de la cité millénaire. La capitale est désormais un pôle culturel mondial, ainsi que l’illustre magistralement son double sacre en 2022 de capitale de la culture africaine et de capitale de la culture dans le monde islamique ». D’emblée, le roi Mohammed VI, dans son message de bienvenue à l’adresse des participants à la 17ème session du Comité intergouvernemental de l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, vient légitimer le rôle du Maroc et de sa capitale dans la question du patrimoine. Lors de cette grande messe mondiale consacrée au sujet, il s’agit d’abord d’examiner 24 rapports sur un élément inscrit sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente, et de 42 rapports des États parties d’Europe sur la mise en œuvre de la Convention de 2003 et sur l’état actuel des éléments inscrits sur la Liste représentative. Le Maroc, représenté par Samir Addahre, Ambassadeur et Délégué permanent du Royaume auprès de l’UNESCO, a présenté douze éléments inscrits sur les listes de la Convention. Une liste qui aurait pu contenir plusieurs formes de savoir faire, tels que l’art du zellige, objet d’une polémique avec l’Algérie débutée il y a quelques semaines.
Pour rappel, le Maroc avait contesté l’utilisation de motifs avec du zellige, apparus sur le maillot de la sélection algérienne de football. Alors que l’équipementier Adidas, auteur des maillots de la discorde avait tenté de désamorcer les tensions en reconnaissant vouer un «profond respect pour le peuple et les artisans du Maroc», l’ombre de la polémique avait tout de même plané durant toute la semaine de la session du comité de l’UNESCO. Dans son discours, lu par le Secrétaire général du gouvernement, M. Mohamed Hajoui avec la présence d’Audrey Azoulay, directrice générale de l’UNESCO, le souverain fait allusion, sans la nommer, à l’affaire du Zellige. Le roi explique que «dans un monde en rapide mutation, il est important de souligner que le patrimoine immatériel d’un pays contribue à son rayonnement et qu’en conséquence, il doit être protégé par un dispositif clairement défini, en accord total avec les objectifs de la Convention». À la recherche de plus d’efficacité dans les mécanismes de protection du patrimoine, le roi a profité de l’occasion pour annoncer «la création d’un Centre national pour le patrimoine culturel immatériel, qui aura pour tâche de consolider les acquis réalisés en la matière». Le message est clair, le Maroc tient à son patrimoine au point d’en faire une affaire d’état.