Avortement, un premier pas
Le 15 mai, après deux mois de débat national, de polémique et de négociations entre les ministères de la Justice et des Affaires islamiques, mais aussi le Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH) et la société civile, Mohammed VI valide une loi qui autorise l’avortement sous certaines conditions. En cas de viol, d’inceste, ou de malformation fœtale, les Marocaines seront autorisées à interrompre leur grossesse. Si une grande partie de la société civile déplore une légalisation à minima, cette loi représente déjà un premier pas important. Mais, dans un pays qui vit au rythme de 600 avortements clandestins par jour et de près de 150 abandons d’enfants quotidiens, il faudra sans doute aller plus loin.
Le Maroc s’en va-t-en guerre
Par un communiqué flou, publié le 26 mars, le ministère des Affaires étrangères annonce appuyer la « légitimité au Yémen dans ses dimensions politique, de renseignement, logistique et militaire ». En clair, le royaume participe à la coalition militaire des pays du Golfe sous l’égide de l’Arabie Saoudite afin de combattre l’offensive des chiites Houthis contre le régime de Sanaâ. « Invité » à rejoindre la coalition, le Maroc semble rompre avec une politique traditionnelle de non intervention militaire à l’étranger. Ainsi, des dizaines d’avions F16 des FAR partent pour le Yémen pour y effectuer des raids. Fin 2015, le bilan marocain de cette guerre est la perte d’un pilote de chasse. En attendant une nouvelle issue, la guerre au Yémen est en cours et les Houthis toujours pas neutralisés.
Ebola, la CAN et Nous…
Le 17 janvier, la plus grande compétition de football en Afrique débute. Mais pas au stade de Marrakech comme cela était prévu, mais dans celui de Malabo en Guinée Equatoriale. En pleine épidémie Ebola, qui fera au total plus de 5000 morts sur le Continent, le ministère de la Santé marocain demande un report de la compétition. Après un long bras de fer avec la Confédération Africaine de Football, le royaume est finalement exclu de l’organisation et de la participation à la CAN 2015. Après un recours au Tribunal arbitral du sport, Rabat parvient à éviter les lourdes sanctions sportives et économiques prévues par la CAF. Un imbroglio qui prive le Maroc d’une CAN qu’il rêve de remporter depuis 1976.
Découverte d’un extrait du Coran contemporain du Prophète
Parmi les découvertes les plus marquantes de l’année écoulée, se trouvent quelques feuillets d’une grande valeur, retrouvés en juillet dernier. Ils ont été découverts un peu par hasard dans les archives poussiéreuses de l’université anglaise de Birmingham. Il s’agit de fragments de l’un des plus anciens exemplaires du Coran. La datation au carbone 14 en révèle la portée historique. Les documents dateraient à 95 % de la période allant de 568 à 645 de l’ère chrétienne. Ils avaient été écrits du vivant du Prophète Mohammed. De quoi enrichir nos connaissances sur l’histoire du livre sacré de l’islam.
Journalistes ou maîtres- chanteurs ?
C’était le feuilleton médiatique de la rentrée de septembre 2015. Fin Août, Eric Laurent et Catherine Graciet, deux journalistes français, auteurs de plusieurs ouvrages sur le Maghreb, sont accusés d’avoir tenté de faire chanter Mohammed VI. A l’occasion de plusieurs rencontres à Paris avec Hicham Naciri, avocat du Palais, ils se seraient engagés à ne pas publier un livre sur la monarchie alaouite, censé être « explosif », contre 2 millions d’euros. Manque de chance, Naciri a enregistré tous les échanges avec son téléphone. Les deux journalistes évoquent un « guet-apens » et un simple « accord financier ». La cour d’appel de Paris les poursuit néanmoins pour «chantage et extorsion de fonds», et se prononcera sur la légalité de ces fameux enregistrements, le 26 janvier prochain.
Des nouvelles de Mars
Depuis quelques jours déjà, la NASA fait monter un suspens à l’américaine. L’agence spatiale communique sur une découverte historique qu’elle dit prête à révéler. Tous les regards se tournent vers la planète Mars, objet des fantasmes de l’humanité depuis la nuit des temps. Le 2 septembre, le suspens prend fin avec ce communiqué : «Notre quête sur Mars a toujours été de «suivre l’eau», dans notre recherche de vie dans l’univers et désormais, nous avons une preuve convaincante qui valide ce que nous suspections depuis longtemps ». De l’eau certes, mais pas sous la forme que nous connaissons sur terre. Il s’agit en fait d’une solution aqueuse saturée en sels, qui s’écoule des pentes martiennes aux saisons chaudes. Sans doute la révélation scientifique de l’année. Quant à l’existence des Martiens, il va falloir attendre d’avantage.
La Marche verte indémodable
Un quarantième anniversaire qui ne passe pas inaperçu. Bien des jours avant d’honorer la mémoire des initiateurs et des participants de la Marche verte du 6 novembre 1975, la presse est déjà en ébullition. La commémoration revêt en cette année 2015 une charge symbolique supplémentaire. En effet, le roi décide à cette occasion de se rendre à Laâyoune pour y prononcer son annuel discours. Mohammed VI y dévoile le plan de régionalisation qui devrait accorder davantage d’autonomie aux régions du royaume. Il marque ainsi sa volonté de faire bouger le dossier du Sahara tétanisé depuis le cessez-le-feu de 1991. Par ailleurs, les cérémonies sont marquées par la présence de nombreuses célébrités dont les anciennes gloires de Football mondial Diego Maradona et Georges Weah.
Maroc-Suède, une brouille inattendue
Tout a commencé le lundi 28 septembre par un cafouillage autour de l’ouverture imminente du magasin Ikea prévue près de Casablanca. De fil en aiguille, la presse remonte la piste et révèle que le problème se situe au sommet de la diplomatie des deux royaumes. Le jeudi 1er octobre, le gouvernement marocain communique enfin et manifeste son intention de boycotter les entreprises suédoises pour cause d’attitude « agressive » de la Suède sur le dossier du Sahara. La suite de cet improbable feuilleton est l’envoi d’une délégation de la gauche marocaine pour explications. Résultat des courses, on apprend que notre diplomatie en Suède est déficiente et que la reconnaissance de la RASD n’était pas forcément programmée par le paisible pays scandinave…
Le CNDH s’attaque à l’héritage
Le rapport du CNDH du 20 octobre sur « l’égalité et la parité au Maroc » fait du bruit. En cause une recommandation pour légiférer sur la question de l’héritage. La loi musulmane en vigueur ne permet pas aux femmes de bénéficier des mêmes droits que les hommes lorsqu’il s’agit d’héritage. Résultat : le fait d’évoquer cette question plonge la société civile dans un débat passionné. Un clivage qui oppose finalement les fondements de la nouvelle Constitution (qui prône l’élimination de «toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes ») à une législation inspirée des lois de l’Islam. En attendant d’éventuelles réformes dans ce domaine, le legs via un notaire, du vivant de la personne, reste le seul moyen de contourner la loi ancestrale.
Daech contre le reste du monde
Jeudi 12 novembre, un double attentat suicide soulève la banlieue sud de Beyrouth. La communauté chiite de la capitale libanaise est directement visée par Daech, ennemi déclaré du Hezbollah qui affronte les djihadistes à la frontière libano-syrienne. Le bilan fait état de 44 morts et de centaines de blessés. Le lendemain soir, c’est au tour de Paris d’être la cible des attaques du califat auto- proclamé. Une série d’actes terroristes qui fait 129 morts dont 82 dans la salle de concert du Bataclan. Le monde est choqué par tant de barbarie tandis que Daech se gargarise de pouvoir frapper partout où l’organisation le souhaite. C’est un tournant dans la lutte contre le groupe d’Al Baghdadi qui occupe toujours un vaste territoire à cheval entre l’Irak et la Syrie. Depuis, les manœuvres militaires se multiplient dans le but d’éradiquer Daech.