Si l’attention est souvent portée sur les cas de Sebta et Melilia, l’Histoire n’oublie pas que d’autres places sur le littoral marocain sont considérées par l’Espagne comme ses possessions. Ces vestiges coloniaux sont appelés «Présides mineurs» ou encore «Places de souveraineté». Ils sont mal définis par le droit international, de superficies minuscules, mais restent encore source de vives tensions. Histoire et statut juridique d’une anomalie anachronique…
À 4 heures du matin, le 17 juillet 2002, six hélicoptères de combat avec à leurs bords des soldats d’éliteespagnols foncent tout droit sur un petit rocher, situé à seulement 150 mètres du littoral méditerranéen du Maroc. À cet instant précis, le Maroc et l’Espagne sont à deux doigts d’une guerre ouverte. La crise de Perejil pour les Ibères, Leila pour les Marocains, est sans doute la plus grave entre les deux royaumes depuis l’indépendance en 1956. Elle est finalement dénouée, de justesse, par la diplomatie américaine. Résultat, un statu quo qui dure depuis des décennies, et qui ne semble pas prêt de bouger à l’avenir. L’objet de cette tornade diplomatique, médiatique et militaire, est un rocher d’une superficie d’à peine 4 hectares. D’autres, dont certains plus petits encore, sont dans le même cas de figure.
Ces présides mineurs dont la souveraineté effective est espagnole, sont pourtant revendiqués par le Maroc qui estime être victime d’occupation coloniale. À l’ère moderne, ces «cailloux» sont-ils encore susceptibles de causer un grave conflit entre les deux royaumes voisins ? La crise de Leila a démontré que ce risque, pourtant inconcevable auparavant, est bien réel.
Par Sami Lakmahri
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