En 1984, le Maroc demande officiellement à devenir membre de la Communauté économique européenne, future UE. Empêtré dans une grave crise économique et loin des standards requis pour une telle adhésion, le royaume se voit répondre par la négative. Mais était-ce là le véritable objectif de Hassan II ? Que cache réellement cette opération séduction envers l’Europe ?
Les observateurs se demandent si cette rumeur est bien sérieuse. Paul Balta, grand connaisseur du Maroc et journaliste du quotidien « le Monde », demande directement à Hassan II de le lui confirmer. Il ose même évoquer une «boutade» lors de cet entretien paru le 10 novembre 1984. Mais le roi du Maroc n’est pas là pour plaisanter : «C’est un document officiel qui porte ma signature». Le monarque confirme ainsi avoir bel et bien déposé un dossier de candidature pour faire adhérer son pays à la Communauté économique européenne (CEE). Une démarche qu’il confesse avoir lancé en juin 1984 à l’occasion du sommet européen qui s’est tenu à Fontainebleau, en France. Dans la même interview, qui est aussi la première annonce publique de cette demande, le monarque explique aux lecteurs du quotidien français que : «Dans quelques années nous aurons le pont sur le détroit de Gibraltar… En définitive, le Maroc est plus européen que la Grèce». En plus de cette sortie inattendue, Hassan II omet de signaler que, malgré qu’il soit apposé du sceau royal, ce dossier de candidature devait, pour être validé, être déposé au Conseil de l’Europe. Or, il n’a été soumis qu’à la commission politique du sommet européen. Bref, le Maroc, royaume arabo-musulman d’Afrique du Nord, souhaite intégrer l’Europe des Nations. Mais alors pourquoi ne pas respecter la procédure définie par le Traité de Rome (texte fondateur de la CEE en 1957) et déposer son dossier de candidature à Bruxelles ?
Par Sami Lakmahri
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