Lors du procès Ben Barka qui se tient à Paris en 1967, Mohamed Oufkir, alors ministre de l’intérieur, est jugé et condamnéà la réclusion à perpétuité par contumace. Si Hassan II le défend corps et âme, le verdict va durablement empoisonner les relations franco-marocaines. Coulisses d’une affaire dans l’affaire…
«Quant à dire qu’Oufkir a été l’instigateur, l’exécutant de la disparition de Ben Barka, je peux vous affirmer que jusqu’à présent, je n’ai pas eu la moindre preuve de la part d’Oufkir, ni le moindre aveu». Alors que son «fidèle serviteur» vient à peine de le trahir, le roi Hassan II continue de défendre son ancien homme fort inculpé et condamné dans l’affaire de la disparition de Mehdi Ben Barka, sept années auparavant. Ces paroles sont prononcées par le souverain en réponse à un journaliste de l’AFP le 23 août 1972, soit une semaine à peine après avoir miraculeusement survécu à la tentative d’abattre son avion. Le général Oufkir, principal instigateur de ce coup d’état avorté, est déjà enterré, victime d’un «suicide», après l’échec de l’opération des aviateurs.
Pourtant, Hassan II aurait pu prendre ses distances avec son ancien ministre de l’Intérieur, voire suggérer qu’il était le cerveau de l’enlèvement de Mehdi Ben Barka et ainsi se dédouaner lui-même de tout soupçon. Mais le roi se garde bien de le faire. Car remettre en cause l’innocence de Mohamed Oufkir dans la disparition du leader de la gauche marocaine mettrait à mal toute une stratégie et une ligne de conduite infaillible depuis le déclenchement de la plus célèbre des affaires judiciaires impliquant la France et le Maroc.
Par Sami Lakmahri
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