En tentant de réformer son armée dans le XIXème siècle, le Maroc a sans doute joué sa dernière carte pour échapper au Protectorat. Mais la réforme a échoué. Une énigme qui trouve son explication dans le contexte géostratégique, et surtout socioculturel, de l’époque.
La réforme de l’armée est normalement dictée par la volonté des gouvernants de renforcer leur autorité et étendre leur contrôle à l’ensemble du territoire national. Pendant la période dite moderne, ceci s’applique surtout au monde occidental qui était en pleine ascension. Dans notre cas où le pays souffrait d’une décrépitude civilisationnelle avancée, et où l’on vivait au rythme de l’expansion coloniale, la réforme militaire était essentiellement une question de survie.
Les Marocains ont longtemps résisté aux réformes, croyant que l’adoption des us et coutumes des Chrétiens serait contraire à leur religion et ouvrirait forcément la voie à la domination étrangère. Il y avait aussi un sens d’orgueil selon lequel les vaillants Marocains seraient supérieurs aux infidèles et donc invincibles sur le champ de bataille. Cette fierté a persisté bien après les humiliantes défaites d’Isly et de Tétouan, respectivement en 1844 et 1859. Jusque vers la fin du XIXème siècle, un ambassadeur marocain est revenu de Madrid pour dire à ses compatriotes qu’il n‘avait rien vu chez les «roumis», qui dénote d’une quelconque supériorité militaire de la part des Espagnols.
Par Mohamed El Mansour
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