Comme un coup de grâce à une Espagne déjà vacillante, la guerre du Rif déclenche chez le voisin du nord une implosion politique inédite. Le général Miguel Primo de Rivera en profite pour mener un coup d’état et instaurer une dictature de 1923 à 1930. Histoire et mystères d’un régime qui a failli perdre le contrôle de son Protectorat marocain…
L’Espagne est-elle vraiment sur le point de disparaître ? Miguel Primo de Rivera, auteur d’un coup d’Etat le 13 septembre 1923, n’est pas le seul à le penser. D’autres, et pas forcément ses partisans, sont convaincus que le glorieux empire rabaissé au rang de puissance secondaire ne survivra pas à cette nouvelle crise. Humiliée par les guerriers rifains sous le commandement de Ben Abdelkrim El Khattabi lors de la bataille d’Anoual deux ans auparavant, l’Espagne est à bout de souffle et à bout de nerf. Mais les résistants marocains ne sont les seuls responsables de la déprime des Ibériques. Régime politique de plus en plus instable, retard industriel conséquent, révoltes paysannes sporadiques, velléités d’indépendances régionales et une effroyable épidémie de grippe (espagnole) qui ne fait pas profiter le royaume de sa neutralité durant la Grande Guerre, sont les autres ingrédients d’une démoralisation générale. Le coup d’état de Primo de Rivera et la mise en place d’une dictature sur le modèle mussolinien répond à un déclin encore plus ancien. Dès le début du XIXème siècle, Madrid est confrontée aux soulèvements de la plupart des ses colonies américaines. Au contraire, les empires coloniaux britanniques et français sont en plein essor. Ils dépassent désormais en possessions et en richesse celui vieillissant de la couronne espagnole.
Par Sami Lakmahri
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