L’INSAP a un nouveau visage. Celui de son directeur d’abord, l’archéologue Abdeljalil Bouzouggar, connu dans le milieu depuis la découverte avec son équipe des plus anciennes parures connues de l’Homme moderne dans une grotte près d’Essaouira, en 2021. Le chercheur a dû, depuis, doubler sa casquette, en jonglant entre la recherche sur le terrain et la gestion d’un institut qui voit grand. C’est donc avec de la terre de chantier sur ses chaussures de directeur qu’Abdeljalil Bouzouggar nous reçoit dans son bureau de l’INSAP. Le temps de nous expliquer les projets ultra ambitieux de son institut et de nous raconter la passionnante histoire de l’Homme en terre marocaine, plus que jamais eldorado de l’archéologie mondiale…
Vous êtes à la tête de l’INSAP depuis juillet 2022, quelles sont vos ambitions ?
D’abord je revendique être un pur produit et lauréat de l’INSAP et c’est pour cela que je suis aujourd’hui très fier d’être à la tête de cet institut qui signifie beaucoup pour moi. J’ai souhaité présenter ma candidature à ce poste parce que j’ai des projets de développement au moment où l’INSAP entame un virage stratégique important. Les choses bougent autour de nous, dans notre continent et dans le monde de l’archéologie et du patrimoine en général et j’ai envie d’accompagner la nouvelle génération d’archéologues dans ces défis qui s’annoncent passionnants. Il est aussi question de changer un peu l’image d’archéologues figés dans le passé, alors qu’il existe tant de sujets d’actualité que nous souhaitons développer. J’aimerais aider la jeune génération à être plus nombreuse et mieux formée que nous l’avons été.
Qu’entendez-vous par sujets d’actualité ?
En archéologie, ce sont des champs d’études qui sont exploités dans les recherches du moment. Par exemple, le séquençage du génome humain ancien. C’est une technique de pointe que nous cherchons à acquérir à travers des laboratoires que nous espérons bientôt pouvoir installer. Le domaine de l’archéo-génétique est très motivant pour nos équipes. D’abord car elle n’a jamais encore été pratiquée ici en Afrique et nous souhaitons être les premiers à le faire. Ensuite, ce domaine qui tente d’explorer le génome humain grâce aux fossiles est, si l’on peut dire, très en vogue en ce moment. Le dernier lauréat du prix Nobel de médecine, Svante Erik Pääbo, l’a été pour avoir séquencé le génome des néandertaliens. Pour l’anecdote, il a cosigné avec nous un article sur la grotte des pigeons à Tafoughalt (Oriental). Voilà le degré d’excellence que nous voulons atteindre et j’espère, pourquoi pas, être encore de ce monde le jour où un chercheur marocain obtiendra le prix Nobel.
Propos recueillis par Sami Lakmahri
Lire la suite de l’interview dans Zamane N°150