Nombreux sont ceux qui reviennent sur les années 1970 ou 1980, avec un parfum doux-amer de nostalgie, égrenant les parenthèses enchantées et les rendez-vous manqués avec la liberté, le progrès et la démocratie. Plus rares sont ceux qui s’arrêtent sur la dernière décennie du XXème siècle, celle des années 1990, dans laquelle ce n’est pas seulement le monde qui a basculé d’une ère à l’autre, mais le Maroc aussi… Le chemin parcouru en ces dix années a été grand, parfois vertigineux, comme si le temps s’était soudain accéléré, jusqu’à ce jour historique du 23 juillet 1999 où tout s’est brusquement arrêté. Hassan II, grand personnage de son temps, si fort et si marquant, venait de s’en aller, non sans avoir beaucoup fait, entrepris, parfois concédé, pour assurer une transition calme et douce en surface, si bouillante à l’intérieur. Zamane vous invite à ce voyage dans l’histoire récente du Maroc, entre ce qui a déterminé notre passé et ce qui a forgé notre présent.
Un Maroc nouveau se profile, avec de nouveaux vecteurs : la parabole, le portable et la liberté de ton. Faisons un survol politique de cette décade très riche, prometteuse, qui portera celle qui lui succédera. Elle fut, avec celles des années 1960, la plus riche, politiquement et culturellement. Celle des années 1960 préparait dans la douleur les années 1970. De même celle des années 1990 préparait en secret, dans la joie et l’espièglerie, la «nouvelle ère». Le monde avait changé, après la chute du mur de Belin où la liberté était au parfum des jours… Dans le voisinage, on scrutait l’Algérie qui, après des manifestations tournant au tragique, le 5 octobre 1988, fait peau neuve et semble être un laboratoire de la démocratie. Les relations entre les deux pays venaient de reprendre, quelques mois auparavant (juin 1988), et le train maghrébin pouvait démarrer, un février 1989, à Marrakech.
L’Europe de l’Est venait d’être secouée par un mouvement de fond, et l’onde de choc atteignait le Maroc. L’humoriste Bziz avait forgé le terme Securi-Settat, puisé de la redoutable police du dictateur roumain, la Securitate, référant en sibylline au lieu de naissance de l’omnipotent ministre de l’Intérieur de l’époque, Driss Basri. On aimait aussi comparer le leader syndicaliste Noubir Amaoui à Lech Walesa, le patron de la centrale syndicale polonaise Solidarnosc, qui avait changé un monde. Il faut rappeler qu’il y eut un effet amplificateur, celui des paraboles qui permettaient de capter ce qui se passait chez les voisins du nord.
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