Contrairement à leurs prédécesseurs, les Mérinides ont choisi de ne pas sanctionner les foqaha et hommes de foi qui s’opposaient à leur politique. Un choix singulier, assez unique dans l’histoire du Maroc, qui tenait de la raison d’État.
L’opposition des foqaha aux sultans est un phénomène récurrent dans l’histoire du Maroc, depuis le Moyen Âge jusqu’à l’ère moderne. Elle a souvent fait des vagues, comme l’épisode des Haratines sous Moulay Ismaïl, la remise en cause de la lignée des Saâdiens ou la contestation de la doctrine des Almohades, débouchant sur de profondes crises, tant politiques qu’idéologiques. Il convient de noter, pour commencer, que la dissidence religieuse ne revêtait pas un caractère politique direct. Les foqaha n’avaient pas d’ambition politique et ne se mêlaient pas à la guerre des clans, aux intrigues et à la lutte pour le pouvoir. Ou alors indirectement. Ils étaient avant tout des érudits malékites qui croyaient à la théorie d’AL-Imama Al-Kobra et du guide religieux de la communauté.
Au Moyen Âge, y compris sous les Mérinides, les foqaha ne formaient pas un corps homogène et exprimaient rarement des avis convergents quant aux grandes questions de leur temps. Ils n’étaient pas tous «opposants», même si c’est cette dernière catégorie qui nous intéresse dans le présent article. Il s’agit d’une race à part, qui affirmait ne craindre que dieu et n’écoutait que ses croyances et convictions, heurtant au passage, voire défiant, l’autorité politique en place, sur des questions aussi vastes que les finances de l’Etat, la politique fiscale ou les systèmes d’éducation en vigueur.
Par Mohamed Yassir El Hilali
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