Des Almoravides jusqu’aux Mérinides, l’Empire chérifien tirait sa puissance du commerce de l’or et de sa position de passage obligatoire de ce cher minerai entre l’Afrique subsaharienne et l’Europe. Mais à partir du XVème siècle, la donne change quand les Européens détournent la route saharienne en allant s’approvisionner directement à la source, grâce à leur domination maritime des côtes Atlantiques. Un évènement qui a coupé le Maroc de ses racines, l’a asphyxié économiquement et a précipité sa chute.
«Or» en Français. «Oro» en espagnol et en italien. «Ouro» en portugais. «Urreas» en Basque… Ces différentes déclinaisons latines pour appeler le précieux métal viennent toutes d’une même racine : «Ough», un nom amazigh dérivé de la couleur jaune, principale caractéristique de l’or, qui n’est autre que «Aouragh» en Tamazight. Cet emprunt linguistique n’est pas juste un indicateur des nombreux échanges culturels entre les deux rives de la Méditerranée, mais le signe de la domination historique du Maroc sur le commerce du précieux minerai. Dont le Maroc n’a jamais été producteur, mais dont il contrôlait le commerce à travers sa domination du commerce transsaharien. Et cela date de bien avant l’arrivée de l’Islam au Maroc.
Le dinar d’or marocain, le dollar du Moyen Âge européen
«Les Européens ne connaissaient pas l’or. C’est à travers le Maroc qu’ils l’ont découvert. Le royaume faisait le lien entre l’Afrique subsaharienne où l’or était présent en abondance, et l’Europe qui découvrait à peine la valeur symbolique et économique de ce métal. Il était le principal hub commercial de l’or comme on dirait aujourd’hui», nous raconte Mustapha Qadery, historien, spécialiste en anthropologie sociale et culturelle.
Par Mehdi Michbal
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