Le sultan Moulay Hassan 1er incarne le visage du Maroc de la seconde moitié du XIXème siècle et s’est distinguéen retardant la main mise coloniale sur le pays. Pourtant, son règne a bien failli tourner cour. Secoué par une double révolte tribale puis urbaine, Moulay Hassan s’installe sur le trône au milieu d’une tempête qui a bien failli l’emporter…
Tout avait pourtant si bien commencé. Le jeune Moulay Hassan défile dans les rues de Marrakech sous les hourras d’une foule joyeuse. En cette longue journée du 11 septembre 1873, le nouveau monarque d’à peine trente ans fait l’unanimité. Dans la ville ocre, il est connu et apprécié depuis que son père, le sultan Mohammed Ben Abderrahmane (1859-1873), l’y a nommé comme son «khalifa» (représentant). Par ce fait, Moulay Hassan est devenu aussi le prétendant numéro 1 à la succession de son père et souverain. Lorsque ce dernier meurt, Moulay Hassan est en mission en pays « Haha » dans la région d’Essaouira. Il sait que c’est traditionnellement durant les interrègnes qu’apparaissent les plus graves secousses politiques. C’est donc avec un grand soulagement qu’il constate l’enthousiasme du peuple de Marrakech lorsqu’il rentre précipitamment succéder à son père. En signe de gratitude, le nouveau souverain décide de maintenir en place la cour de son prédécesseur, notamment les ministres. De même pour les autorités religieuses de l’ancienne capitale impériale promptes à adouber le jeune sultan. Mais Moulay Hassan sait que les festivités de Marrakech ne sont qu’une première étape dans le processus de légitimation de son trône. Les épreuves les plus difficiles l’attendent dans le reste du territoire, en particulier chez les tribus insoumises au Makhzen du Moyen Atlas mais aussi auprès des Fassis.
Par Sami Lakmahri
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