Le 24 février dernier, la Faculté de Gouvernance et des Sciences économiques et sociales (Université Mohammed VI Polytechnique) a organisé, en partenariat avec la revue électronique Ribat Al Koutoub, une table ronde autour du thème : « Histoire du Maroc. Le temps des synthèses ». Y ont participé Abderrahmane El Moudden et Mostafa Hassani Idrissi, membres du comité de rédaction de l’ouvrage collectif rédigé par une cinquantaine de chercheurs, Histoire du Maroc. Réactualisation et synthèse (publié en 2012, dirigé par Mohamed Kably dans le cadre de l’Institut Royal de la Recherche sur l’Histoire du Maroc) ; Daniel Rivet, auteur d’une Histoire du Maroc : de Moulay Idrîs à Mohammed VI (2012) ; Susan Gilson Miller, auteure d’une History of Modern Morocco (2013), et Edmund Burke III, un des leaders de la « World History » aux États-Unis, connu pour son Prelude to Protectorate in Morocco : Precolonial Protest and Resistance, 1860-1912 (paru en 1976, et récemment traduit en arabe par Mohamed Aafif), et qui vient de publier The Ethnographic State : France and the Invention of Moroccan Islam (2014).
Ces travaux ont couvert des périodes de longueurs différentes. Ce qui est nouveau, c’est que le lecteur dispose désormais d’une somme de connaissances mises à jour sur deux époques qui étaient sous-étudiées, à savoir le Maroc pré-islamique (préhistoire, antiquité), et le XXe siècle avec le Protectorat et surtout la période postcoloniale qui est pour la première fois soumise à un éclairage historique de facture universitaire, grâce à la collaboration entre historiens, économistes, politologues et socio-anthropologues. Mais ce qui fut à l’origine de la table ronde, c’est le constat d’une synchronie de parution entre un ensemble de synthèses de qualité après une longue période de rareté des livres qui permettent d’embrasser le passé du Maroc envisagé dans sa longue durée.
Cette rencontre a une portée qui ne se limite pas au seul milieu universitaire. Les recherches en question répondent à une demande sociale ; elles pourraient alimenter différents dossiers du débat public. Elles se démarquent d’une offre dominante axée sur l’histoire commémorative et la mémoire.
Il existe actuellement, à travers le territoire marocain, un véritable engouement pour l’histoire locale. Le phénomène n’est pas nouveau. À partir du milieu des années 1970, et à la suite de travaux pionniers comme ceux de Paul Pascon et Ahmed Toufiq, de nombreux historiens, mais aussi des sociologues, ont commencé leur carrière avec une thèse d’histoire locale, souvent de tribus ou de régions. L’engouement actuel est d’une autre nature. Il apparaît plutôt à travers l’édition locale, l’activité associative, et la presse électronique locale. Avec des moyens modestes et la participation d’universitaires et souvent d’historiens amateurs, on archive l’histoire et le patrimoine immatériel ; on organise des journées d’étude ou des festivals culturels et artistiques ; on publie des sources, et on fait traduire des recherches étrangères. Dans des localités affectées auparavant par les « années de plomb », l’activité associative portant sur la mémoire et l’histoire locale a été stimulée par le programme de « réparation communautaire » initié par « l’Instance Équité et Réconciliation ». Dans les régions marginales où les jeunes et les élites ressentent les handicaps du « Maroc inutile », la demande d’histoire locale exprime aussi une demande de mémoire, de développement et de citoyenneté. Cette dynamique est positive à plus d’un titre ; elle permet aux groupes de mieux se connaître, de mieux se situer pour mieux agir. Mais la focalisation excessive sur la dimension locale peut empêcher de saisir les évolutions plus larges de l’ensemble marocain, les continuités et les ruptures au niveau des modes de vie, des courants culturels, des structures sociales et du système politique. C’est ici qu’intervient l’apport bénéfique de la synthèse. On pourrait même élargir la perspective et affirmer que même notre vision de l’histoire du Maroc devrait être enrichie par une meilleure connaissance de l’histoire mondiale. C’est une nécessité et un défi que nous pose le monde contemporain et dont nous sommes loin de mesurer l’importance.
Par Abdelahad Sebti, conseiller scientifique de zamane
(1) Pour un aperçu exhaustif sur ces travaux, lire notre article « L’écriture de l’histoire locale », en arabe, in D’Inaouen à Istanbul, Mélanges offerts à Abderrahmane El Moudden, coord. A. Sebti & A. Benhadda, Publications de la Faculté des Lettres de Rabat, 2012, pp. 129-155.
Je viens de publier un livre intitulé: ‘War Stories From My Father’; qui trace la carrière militaire de feu mon père Sergent-Chef Mohamed Ben Salem Lahlali au sein de l’Armée Française d’Afrique du Nord de 1940 – 1955. Mon père était Radio – Télégraphiste dans le 4ème Régiment de Tirailleurs Marocains. Comme des milliers d’hommes de sa génération, il a participé dans la deuxième guerre mondiale ainsi que le conflit de l’Indochine. ‘War Stories From My Father’ a requis quelque dix-huit ans de recherches, sur quatre continents; ainsi qu’une vie entière de discussion avec mon père; un ‘mordu’ de la Radio Télégraphie; qui a participé activement au développement des Stations de Radio Maritimes du Maroc après l’Independence. Médaillé a six reprise, y inclus par la prestigieuse Médaille Militaire; Sergent-Chef Mohamed Ben Salem Lahlali a été élus plusieurs fois comme Président de l’association des Anciens Combattants de l’Armée Française au Nord du Maroc; où il avait contribué à la reconnaissance par la France de la dette du sang que les Français devaient à ses frères d’armes de toute la région de l’Afrique du Nord, après l’Independence de celle-ci. ‘War Stories From My Father’ est une histoire unique de ceux qui ont marqué l’Histoire par leur sang et sens de sacrifice; sans jamais avoir eu l’occasion de faire entendre leur voix. ‘War Stories From My Father’ est dédié à tous les Soldats Marocains et N. Africains de l’Armée Française d’Afrique du Nord, ainsi que tous leurs descendants où ils se trouvent…