Pour les Algériens, le cheikh Bouamama fait partie intégrante de leur longue résistance contre le colonialisme. Pour les Marocains, ce grand rebelle contre la puissance française est tout simplement un inconnu.
Né au Maroc, il y est mort. Mais, entre sa naissance et son décès, il a vécu (et quelle vie !) en combattant les Français pour un idéal qui, à l’époque, n’avait pas de frontières. En ces temps de frictions entre le Maroc et l’Algérie, il est de bon aloi de rappeler la figure du cheikh Bouamama, «agitateur», «marabout», «guérisseur», comme le moquaient les Français qui, faute de réduire celui qui était l’un des derniers combattants de la foi dans cette région, ont essayé de le discréditer. Mohamed Bouamama est né en 1840. Certaines sources le font naître sept ans plus tôt, en 1833. Mais, faute de registres d’état civil, sa date exacte de naissance reste incertaine. Par contre, il est formellement né à Figuig, et plus précisément à Hammam Foukani. Fils d’un modeste brocanteur, il était membre de la confrérie-tribu des Ouled Sidi Cheikh. Cette tribu présaharienne avait été divisée en deux par le Traité de Lalla Maghnia (1845), consécutif à la défaite en 1844 de la mehalla du sultan Moulay Abderrahmane à la bataille d’Isly face à l’armée du maréchal Thomas-Robert Bugeaud. La tribu de Bouamama fut scindée en deux, entre les Gherarba (du mot arabe «Gharb», originaires de l’ouest) qui furent déclarés Marocains, et les Cherarga («Chark», originaires de l’est) qui furent placés sous l’autorité de la France. La famille du futur cheikh faisait partie des Gherarba. De cette partition imposée, de cette manière de faire coloniale de diviser les tribus, de séparer les familles et de rompre les alliances, est née la haine du futur cheikh envers ces Nazaréens envahissants et brutaux, surtout dans cette vaste zone du Sud saharien où les délimitations territoriales n’avaient aucun sens.
Par Adnan Sebti
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cheikh bouamama est enterré à El Aioun, petite ville du Maroc oriental
Bonjour Mr Sebti
Merci pour l’article (même avec ce retard).
Le dernier épisode de Amouddou sur Taourirt a « tâché » la mémoire du Cheikh Bouamama. Aucune fiabilité de la part des personnes narratrices.