Le cinéma propose, mieux peut-être que tout autre art, une vision première et immédiate sur l’Histoire en train de se faire. Pistes d’analyse, appliquées à l’événement historique de l’année 2011 : les Printemps arabes.
Dire que certaines caméras ont annoncé les Printemps arabes est sans aucun doute un raccourci historique bien facile. Néanmoins, celui-ci ne nous semble pas non plus complètement faux. En effet, les festivals, les colloques, les rencontres, les débats multiples consacrés aux Printemps arabes ne se privent pas de replonger dans la production documentaire passée et y trouvent des monceaux de perles annonciatrices des événements de 2011… Si l’on met de côté une supposée puissance messianique du cinéma (que nous ne contestons pas, mais qu’il est difficile d’analyser scientifiquement), ceci peut s’expliquer par au moins deux caractéristiques inhérentes au cinéma documentaire. Tout d’abord, depuis ses débuts, la caméra a été massivement utilisée comme un œil ouvert sur les misères du monde, qu’elles soient sociales ou politiques. Que l’on songe au grand documentariste Joris Ivens, qui commence par dénoncer dans Borinage (1934) les conditions de vie misérables des mineurs belges, puis qui s’attaque en 1937 aux crimes franquistes (bombardements de civils) dans Terre d’Espagne (dont le commentaire est lu par Ernest Hemingway en personne). Or, les films annonciateurs des Printemps arabes en question s’inscrivent parfaitement dans cette tradition du cinéma documentaire : ils abordent des questions sociales et entreprennent de montrer une misère que les gouvernants semblent, aux yeux des victimes, refuser de voir et surtout de résoudre.
Marie Pierre
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