La géopolitique est aux affaires de l’état ce que la mécanique est aux véhicules. Les affaires entre états, ce que nous appelons les relations internationales, sont une simple locomotion. Les états se meuvent comme des autos sur des voies, avec un code de la route, et des conducteurs plus ou moins chevronnés. Tant que le moteur marche, que les voies sont carrossables et que les conducteurs manient sans problème volant, vitesse et frein, on n’a pas besoin de mécaniciens. Or, quand les autos, ou si vous préférez les états dégagent des vrombissements de moteurs, des fumées d’échappement, et que la mécanique ne répond plus au conducteur, force est de lever le capot et de se pencher sur le moteur.
C’est ce qu’on appelle de la géopolitique dans la conduite des relations entre états. Il faut oublier désormais les relations internationales et leur appareillage de diplomatie bilatérale, ou multilatérale, et aller tout de go chez le mécanicien de la géopolitique.
Il y a une boite à outils, faite de quelques clés. Il y a bien sûr l’espace. Et l’espace a son propre génie. Terre et mer font la différence. Il y a longtemps, depuis le XVIIIème siècle, la mer a la préséance. Qui détient les mers, détient le monde. Deux petits états insulaires ont fait le monde. L’Angleterre et le Japon. Le petit Japon a vaincu le grande Russie en 1905. Et la première a mené le monde, et continue, behind the screen.
Il y a le temps long qui puise dans l’Histoire, mais aussi se projette dans l’avenir. C’est une tâche ardue de faire parler le temps long car il y a les faux mécaniciens, avec un outillage défectueux en histoire, et des clés à l’emporte-pièce sous l’effet de l’événementiel, ceux qu’on voit sur les chaînes de télé, les experts auto-proclamés ou quelques youtubeurs. Le temps long n’est pas que le temps passé ou à venir, mais aussi le moment ou l’occasion qu’il faut saisir au plus vite. Elle est fortuite et fugace. Et seuls des penseurs de génie ou des politiciens intuitifs savent saisir l’occasion, ou cueillir le jour (carpe diem).
Car c’est l’homme qui fait l’Histoire, mais la démographie ne fait force que pour un peuple éduqué. Sans éducation, la démographie devient un fardeau. La Grande-Bretagne tenait toute l’Inde, avec 40.000 fonctionnaires et forces de l’ordre. Mais il y a cette substantifique moelle, fille de l’éducation, qui est une arme : la culture. C’est à la fois une arme de défense et d’attaque. Thucydide, dans sa guerre du Péloponnèse, avait compris l’arme redoutable d’Athènes sur Sparte, qui est sa culture, ce qu’on appelle aujourd’hui par le Soft power. Puis, bien sûr, il faut des ressources, or les ressources en elles-mêmes ne suffisent pas, si on ne crée pas de richesse. Et ses propres armes. Les ressources naturelles ne font pas la grandeur d’une économie. On est passé à ce qu’on appelle l’Iconomie, ou l’économie numérique. Ceux qui n’y sont pas seront à la traîne, quand bien même ils regorgent de ressources naturelles.
Aucune nation n’est dispensée de tenir compte des éléments de la géopolitique pour comprendre le monde, d’abord, et se prémunir contre toute les menaces ensuite. J’allais oublier l’essentiel : connaître l’Autre, ses points forts et ses faiblesses, et disposer de sentinelles partout qui guettent les dangers, aussi bien parmi l’armée de la plume que celle de l’épée. Car, comme dit l’adage romain, à juste titre : Qui veut la paix, prépare la guerre. Oui, il faut la penser, la guerre, pour ne pas être forcé à la subir. Le ministère de la santé, aussi paradoxal que cela puisse paraître, a pour souci majeur les maladies et les épidémies.
Par Hassan Aourid, conseiller scientifique de Zamane