À peine le titre de champion du Maroc 2015 fêté par le club du Wydad, que la polémique surgit ! Au moment de faire les comptes, les détracteurs du club casablancais affirment que le Wydad ne détient que 13 titres. Faux, répond le club qui clame détenir 18 trophées dans sa vitrine. « Zamane » décrypte l’imbroglio.
«Le Wydad de Casablanca (WAC, ndlr) a décroché son 13e titre de champion national de football de son histoire ». Tel est le contenu exact de la dépêche MAP publiée à la suite du titre remporté par le Wydad, le 16 mai dernier, sur la pelouse du Hassania d Agadir. Il nAen fallait pas plus pour déclencher leire des inconditionnels des Rouges. Comment ose-t-on retirer au club casablancais cinq titres de champion ? C’est dans l’histoire du football marocain qu’il faut se replonger pour comprendre l’origine de la polémique. Les cinq titres du litige puisent leurs origines dans l’époque du Protectorat. Deux aspects y sont contestés par les partisans du nombre « 13 ». D»abord celui qui touche à laéthique. À la création de la « Section football du Wydad Athletic Club » en 1939, le championnat local organisé par les autorités françaises se nomme « Ligue du Maroc ». Naturellement, les clubs qui y concourent sont composés aussi bien de joueurs français que marocains. Pour les détracteurs du Wydad, ce composite ne permet pas de considérer le club casablancais comme entièrement marocain. Sur son site, le Wydad joue de son côté la carte nationaliste pour légitimer son histoire : « Le Wydad fut à l’avant-garde des équipes nationalistes au Maroc, puisqu’il était composé en majorité de joueurs marocains. Le WAC symbolisait aussi les victoires des Marocains sur les Français. Les principaux joueurs qui faisaient gagner le grand Wydad des années 1940/1950 étaient Chtouki, Abdeslam et Driss, la triplette du WAC qui allait atterrir au Barça, mais le Prince de l’époque, Moulay Hassan, avait refusé que ce transfert se réalise afin de laisser au pays les grands hommes qui allaient contribuer à son indépendance ». Sur le terrain de la « marocanité » du club, il demeure difficile de blâmer un club qui a vécu, comme l»ensemble du pays, sous le joug du Protectorat. Líautre aspect de la contestation est d ordre juridique. La FRMF (Fédération Royale Marocaine de Football), instance créée à loIndépendance en 1956, nIexistait pas lors des cinq premiers titres glanés par le Wydad. Elle a certes fini par valider les cinq titres polémiques du Wydad, mais a-t-elle pour autant légiféré sur l ensemble des titres de tous les clubs existants pendant le Protectorat ? « C’est la confusion, en réalité, elle n’a rien encore décidé concernant la comptabilisation des titres sous Protectorat », nous confie Réda Allali, chroniqueur sportif pour Radio Mars. Il ajoute également que la FRMF est confrontée à un autre problème : « N’oublions pas qu’avant 1956, les clubs du pays ne concouraient pas dans le même championnat. Ceux du Nord étaient intégrés dans la compétition espagnole ». Dans ce cas, que fait-on du titre de Tétouan, champion de la « secunda division » espagnole en 1951 ? Pour Réda Allali, il n’est pas inutile de se tourner vers nos voisins, confrontés à la même problématique : « En Tunisie, la Fédération a tranché. Le décompte ne débute qu’avec l’Indépendance ». En attendant, la FIFA a sonné la fin de la discorde, le Wydad a bien 18 titres de champion. Si c’est la FIFA qui le dit…
Par Sami Lakmahri