La grève du sceau est un acte politique militant popularisé par le sultan Ben Youssef, futur Mohammed V. Il consiste à refuser de signer des dahirs proposés par la Résidence Générale, en signe de protestation contre la politique du Protectorat. En engageant cette démarche, le sultan bloque le processus de gouvernance tel qu’il a été imaginé par le Traité de Fès et enraye l’appareil exécutif. Le premier sultan à user de cet artifice n’est pas le «père de l’indépendance» mais son père, le sultan Moulay Youssef (1912-1927). Alors qu’il se dirige sans le savoir vers la fin de son règne, celui qu’on appelle peut-être injustement le «sultan des Français» innove. Pour la première fois, Moulay Youssef engage un bras de fer inédit avec le Protectorat, en particulier avec le successeur de Lyautey, Théodore Steeg. Alors que ce dernier souhaite activer la «politique berbère» imaginée plus tôt en 1914, le sultan se braque. Nous sommes au début de l’année 1927. Les articles contemporains soulignent que Moulay Youssef est indigné d’une mesure qui porte atteinte à l’union religieuse du Maroc. Le sultan boycotte plusieurs semaines durant le Résident général, au point de ne plus le recevoir. Il est même très probable que Moulay Youssef ait exercé pour la première fois dans l’ère du Protectorat la grève du sceau. L’affirmation identitaire et religieuse du sultan paraît néanmoins un peu tardive. Il succombe le 17 novembre 1927, à la suite d’une urémie contractée quelques mois plus tard.
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