La guerre a repris hélas à Gaza, après l’annonce de la trêve. Les bombardements s’abattent sur les civils. L’heure est à l’escalade qui risque de tout compromettre. Or, c’est au moment où les hostilités font rage, qu’il faut penser paix. Le Maroc, de par son histoire et sa vocation, ne peut se complaire dans une position attentiste, ou «zone de confort», pour reprendre une expression chère à un de nos officiels.
Le Maroc n’a certes pas les divisions qui font éclater les tympans, ni les deniers qui font baver, mais il a son histoire, son engagement pour la paix au Moyen-Orient, et son capital, patiemment construit. Tout cela lui a conféré une crédibilité. Le rôle du Maroc est attendu, de part et d’autre.
Le Maroc s’est exprimé, mais il faut agir, et pour agir, il faudra œuvrer avec des partenaires. Les états-Unis, bien sûr, à qui il faudra tenir le langage de la raison, que leur position mitigée, sur des frappes «conformes au droit international», compromet tout le processus de paix qu’ils avaient œuvré à mettre en place. Le «lip service» risque de remettre, à terme, en cause les intérêts américains dans la région. La France demeure un acteur privilégiée dans le «Moyen–Orient compliqué», malgré le cafouillage de sa diplomatie, ces derniers temps. Elle est à équidistance des protagonistes, du moins dans ses fondamentaux. Elle ne peut agir seule, mais elle peut agir, et on ne peut que se réjouir de la normalisation entre Rabat et Paris.
Il y a urgence à arrêter la guerre. Rien ne peut la justifier. Rien. Le deuxième aspect, est la libération des otages. Les otages ne doivent pas faire l’objet d’un quelconque deal. Il y va de la dignité de l’être humain, et cela est valable pour les prisonniers palestiniens détenus par Israël.
Et, troisième aspect, l’aide humanitaire et la reconstruction à Gaza. Le Maroc peut, dans ces trois dossiers, dans l’état actuel des choses, apporter son obole, de concert avec des partenaires et amis.
Serait-il possible de retisser les fils décousus d’un quelconque processus de paix, dans sa dimension globale ? C’est difficile, mais non impossible. L’alternative à la «non paix» serait catastrophique. Il faut échapper à ce qu’un grand spécialiste de la région, Charles Enderlin, appelle «le grand aveuglement». Nous y sommes, et le Maroc peut apporter une lueur, tenant compte du nouveau contexte.
La gravité de la situation et la complexité du dossier n’invitent pas aux déclarations fracassantes, ni à l’effet d’annonce, mais à une action concertée et discrète.
J’allais oublier l’essentiel, à savoir que l’engagement pour la paix conforte nos intérêts stratégiques. On ne peut dilapider un capital patiemment construit, contre vents et marées.
Nous ne pourrons être dans l’attentisme.
Par Hassan Aourid, conseiller scientifique de Zamane