On entend partout pendant les conflits surtout militaires des formues devenues désormais consacrées «se conformer au droit international, une violation du droit international…», mais sait-on au moins à quoi réfère ce langage ? Il s’agit d’intentions nobles me dira-t-on, d’un arsenal juridique qui vise à protéger les êtres humains des exactions que peuvent commettre des personnes ou des États voyous qui n’accordent aucune considération aux valeurs humaines et au respect de la vie des autres. En effet, la mise en place d’un droit international intervient «après la Deuxième guerre mondiale et la création de l’Organisation des nations unies, la communauté internationale jura de ne plus jamais laisser se produire des atrocités comme celles commises pendant ce conflit. Les dirigeants du monde entier décidèrent de renforcer la Charte des Nations Unies par une feuille de route garantissant les droits de chaque personne, en tout lieu et en tout temps».
Quelle noble initiative ! Le texte que j’ai mis ici entre guillemets provient du site des Nations-Unis où il est écrit en haut de page «Paix, dignité et égalité sur une planète saine». Selon ces termes toute personne quelle que soit son origine, sa couleur sa religion, son genre…, doit se sentir protégée des exactions quelles que soit leur nature. Les Nations-Unis ou du moins ses employés sont fiers de l’arsenal juridique du droit international. Voici comment ils l’évaluent : «L’une des plus grandes réalisations des Nations-Unies est sans conteste leur contribution au droit international à travers le développement et la codification d’un corpus de conventions, de traités et de normes dont l’objectif est la promotion du bien-être économique et social, de même que la préservation de la paix et de la sécurité internationales. La plupart de ces textes régissent aujourd’hui les relations et la coopération entre les États».
L’organe qui devrait, en principe, garantir l’application de cet arsenal juridique est le Conseil de Sécurité de l’ONU. Cet organe qui dès son origine était composé de cinq membres permanents, les États-Unis, l’Union Soviétique, le Royaume Uni, la France et la Chine à la fois, parce que ce sont les principaux vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale et parce que représentant à ce moment-là la majorité de la population mondiale (en comptant les empires coloniaux), chacun à peu près à égalité. Or, on voit bien que sa composition se réfère à la force : force militaire, force démographique et force coloniale. Il est à noter que la République populaire de Chine n’était ni à l’origine du droit international, ni à la création du Conseil de Sécurité. Elle est venue en 1971 prendre la place de Taïwan qui avant la victoire des communistes chinois détenait déjà cette place. Peu importe, les trois pays qui guident le monde d’aujourd’hui n’aiment pas le droit international selon une déclaration du Palestinien Elias Sanbar sur radio France Inter le 18/12/2023 : les Américains n’aiment pas le droit international, les Chinois et les Russes ne l’aiment pas non plus, mais l’utilisent quand bon leur semble.
Qui aime ce droit international alors ? Les Africains, les États européens vassaux des États-Unis, quelques pays asiatiques ou d’Amérique Latine et les Palestiniens. Bref, des pays pauvres et des pays faibles qui ne sont pas en mesure d’assurer leur défense par eux-mêmes. Ce sont ceux-là qui s’érigent en défenseurs d’un droit qui n’ont même rédigé, ni participer à sa rédaction.
Mais le vrai point de vue des pays forts ou de leurs alliés est que le droit international est plutôt une entrave à leur liberté de mener le monde comme bon leur semble. J’étais frappé par l’intervention de Ehud Barack, ancien Premier ministre israélien sur LCI, chaîne française, en octobre dernier, il s’exprimait à propos du conflit avec les Palestiniens : «Il n’y pas de place, a-t-il dit, pour les faibles, imaginez que vous êtes dans votre villa, tant que vous êtes à l’intérieur ça va, mais une fois dehors il y a la jungle, vous êtes menacés».
Par Moulim El Aroussi, conseiller scientifique de Zamane