Agresser, protéger, corrompre… La pratique de la ztâta est ancienne et remonte au temps où caravanes et voyageurs avaient besoin d’être protégés pour traverser des territoires périlleux.
En effectuant ses recherches de terrain au sein des Béni Ouriaghel du Rif vers la fin des années 1950, l’anthropologue britannique David Montgomery Hart nota que le mot «ztâta» signifiait «le pot-de-vin», ce que l’on glissait «sous la jellaba», par exemple au juge, pour orienter son verdict. Le terme continue de véhiculer le même sens et le verbe «zettet» signifie «être efficace». Dire également de quelqu’un «kây zettet rasou» signifie qu’il sait s’en sortir dans les situations difficiles. Or, la signification initiale de ztâta est à la fois la protection du voyageur sur les routes dangereuses, et la rémunération de cette protection. C’est donc une pratique sociale et en même temps un glissement métaphorique qu’il serait intéressant d’élucider. Le phénomène de la ztâta apparaît de manière visible et vivante au XIXe siècle dans différents types de témoignages, notamment dans les récits des explorateurs européens qui ont sillonné le Maroc. Charles de Foucauld, ex-officier de cavalerie, muni d’une bonne connaissance géographique du Maroc, déguisé en juif et accompagné d’un rabbin, a sillonné le Maroc au cours des années 1883-1884. Son récit est précieux, car il a évité les itinéraires sécurisés des «routes des ambassades». Il a traversé les zones qualifiées de «Blad sîba». En outre, il a noté avec une grande précision l’état de la sécurité des routes traversées ainsi que les procédés auxquels il a eu recours pour se munir d’un zettât d’une étape à l’autre.
Par Abdelahad Sebti
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