Fin des temps, signes de l’Heure, Jugement dernier,… Depuis la fin du XIXe siècle, le discours eschatologique est très présent dans les écrits savants, mais aussi dans la culture populaire.
Toutes les religions ont élaboré des croyances à caractère eschatologique. Le mot est composé de deux racines grecques, eschatos (dernier) et logos (discours, savoir). La culture islamique utilise entre autres l’expression ashrât as-Saâ (signes de l’Heure). Il s’agit d’un ensemble d’images traitant de la fin de l’homme et de l’univers. On peut distinguer les textes fondateurs et la présence continue du thème eschatologique dans la culture savante et populaire. Nous voudrions esquisser quelques fragments qui ont balisé l’histoire du Maroc depuis que l’horizon de l’occupation coloniale se précisa à la fin du XIXe siècle. En 1899 parut à Fès un ouvrage en version lithographique, écrit par Mohamed Ibn Jaâfar Kattânî et intitulé al-azhâr al-âtirat al-anfâs bi dhikr mahâsin qutb al-Maghrib wa tâj madînat fâs. C’est une biographie du saint patron de Fès, Moulay Idris. L’auteur y reprend l’ensemble de la tradition hagiographique qui a magnifié le portrait d’Idris II, souverain sanctifié post-mortem, réputé fondateur de Fès, et que l’historiographie dynastique mérinide associa à la naissance de la tradition monarchique marocaine. Kattânî déroule une série de karâmât (miracles) sur la sainte protection qui a toujours entouré la cité idrisside, puis il prend le ton du prédicateur. Il est de son devoir, nous dit-il, de lancer des avertissements pour mettre en garde contre le confort de l’illusion. C’est le temps de la déviance collective, prévu par la volonté divine qui ne ménagera pas son châtiment. L’auteur aligne des textes, il repère une série de signes : nous sommes en présence d’un discours eschatologique.
Par Abdelahad Sebti
La suite de l’article dans Zamane N°53