Votre revue Zamane a été l’objet d’un piratage innommable. Nous avons estimé qu’il était de notre devoir de vous en faire part, vous, nos lecteurs et notre raison d’être. Un bref rappel des faits. Dans le précédent numéro, nous avons réalisé une interview avec le professeur Abdellah Laroui. Historien émérite, immense contributeur à la pensée historique, de renommée internationale. L’homme qui, par ses écrits, nous aide à entretenir notre mémoire collective et à jeter un regard scrutateur et sans complaisance sur notre passé proche et lointain, se livre très rarement à la presse, toutes catégories confondues. Il nous a fait l’honneur de nous accorder un entretien hautement instructif sur nous-mêmes, à travers les multiples raccords de la trame événementielle qui a fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui. Une véritable leçon d’introspection à la fois rétroactive et proactive.
Il se trouve que cette réalisation journalistique dont nous sommes fiers, pour toujours mieux vous servir, nous a été littéralement « volée » par certains confrères de la presse écrite arabophone. Pas moins de deux jours après sa parution, elle a été traduite (très mal traduite d’ailleurs) et placardée à la Une de certains titres de la presse écrite en langue arabe. Un acte inqualifiable à tous égards, professionnel et moral. Un minimum de moralité professionnelle aurait voulu que nos confrères pirates nous fassent ne serait-ce qu’un appel du pied pour nous demander notre avis sur leur projet de diffusion gratuite de cette entrevue rarissime dans son genre.
Ils n’ont pas cru devoir le faire. Ils s’en sont exemptés, sans vergogne et sans autre forme d’interrogation de leur conscience professionnelle supposée. Proprement affligeant. Pour une publication mensuelle et spécialisée comme la nôtre, deux jours après son arrivée dans les kiosques, cet agissement n’est rien d’autre qu’un étouffement dans l’œuf. Pire, un assassinat à bout portant de notre précédent numéro.
En partageant avec vous ce sentiment d’amertume légitime, nous ne faisons pas, pour autant, les pleureuses à propos d’un coup bas dont nous avons été victimes. Notre réaction est en fait une observation, plus qu’un jugement ostentatoire et généralisateur, sur l’état de notre presse écrite. Depuis des lustres, hommes et femmes du métier, journalistes ou éditeurs ne cessent d’ergoter, sur tous les tons et en toutes circonstances, au sujet des exigences de déontologie dans la profession. Une littérature à profusion et à l’adresse, quasi exclusivement, des pouvoirs publics de tutelle, de contrôle et, à l’occasion, de sanction. A raison, la liberté d’expression représente le porte-étendard de l’exercice d’un journalisme libéré de toute entrave imposée ou auto-secrétée. A juste titre, les atteintes à cette liberté constitutive du processus démocratique en construction sont dénoncées. Seulement voilà, le discours dénonciateur et revendicatif ne s’adresse qu’à l’autre côté de la barrière. Jamais à soi. Jamais entre nous. Jamais à notre propre pratique journalistique. Or, c’est précisément là que le bât blesse.
Sans prétendre donner des leçons de morale à qui que ce soit, une question nous interpelle, de toute urgence et tous autant que nous sommes, dans ce corps de métier. N’aurions-nous pas besoin, nous autres d’abord, d’une autorégulation déontologique ? D’une observance, autant que faire se peut, des règles élémentaires de cette profession qui est la nôtre ? Aussi vrai que l’on peut exiger de l’autre, et de tous les autres, un tant soit peu de respect, si on ne s’astreint, nous-mêmes, à un seuil minimum de ligne de conduite conforme à nos déclarations de principe. C’est justement à ce décalage manifeste entre paroles de circonstances et actes effectifs que nous nous sommes trouvés confrontés. Au-delà des préjudices subis, nous sommes surtout profondément navrés et attristés par ce piratage indigne qui nous a injustement pénalisés !
Youssef Chmirou, directeur de la publication
C est affligeant et honteux .
Y a t il encore de l ethique?
Si cela peut vous rassurer , ces usurpayeurs ne vous voletont pas votre lectorat car ils n en seront pas capables dans la duree
Je Voulais dire usurpateurs
C’est scandaleux. Condamnable et à condamner