Peut-on encore parler de rebondissement à propos de la question du Sahara à l’international? Un dossier qui stagne depuis plus de quarante ans et qui court sur pas moins de deux générations ; peut-il, malgré tout connaître une quelconque évolution positive, dans un sens rationnel et pacifique? Au niveau de l’ONU, cette affaire fonctionne comme si elle était l’otage d’une force occulte qui agit pour qu’il n’y ait jamais de solution négociée. Cette force s’appelle l’Algérie ; laquelle a été finalement acculée à faire son jeu dangereux à visage découvert.
C’est dans cette atmosphère délétère sur la durée qu’intervient la toute dernière actualité sous l’égide d’une ONU qui gère ce conflit en étant constamment sur le fil moisi de ni guerre, ni paix. Le Conseil de sécurité a effectivement tenu une réunion consacrée au Sahara, le mardi 30 avril 2019, pour prendre acte de la fin du mandat de six mois de la Minurso. Sur proposition américaine, ce délai rétréci à l’extrême portait l’empreinte indélébile du président Donald Trump. Par delà tout ce qu’on a pu dire sur lui, Trump est une incarnation du pragmatisme américain, adepte du possible ici et maintenant. Il faut juste qu’il le soit activement sur ce dossier. Pour Trump, le delai de la Minurso revu à la baisse devait inciter les forces en présence de chercher une solution rapide où l’Algérie lèverait le pied sur le Polisario et jouerait l’option d’une autonomie régionale sous la souveraineté territoriale du Maroc. Si ces principes conducteurs étaient adoptés, les négociations n’auraient aucune raison valable à traîner en longueur, des années durant.
La résolution 2468 de l’ONU a-t-elle abondé dans ce sens ? Affirmatif côté marocain, pas du tout à Alger. La diplomatie marocaine s’en félicite ; l’administration algérienne, du moins, celle qui bouge encore n’en fait pas un deuil. Pour Omar Hilal, ambassadeur et représentant permanent du Maroc auprès de l’ONU, cette résolution «répond largement aux attentes du royaume». Rarement des vocables tels «sérieux», «crédibles» et «réalistes» n’ont eu autant de succès dans le jargon diplomatique de l’ONU. Dans le même esprit, la dernière résolution a sorti l’Algérie de sa fausse et grotesque «neutralité», pour la sommer à proposer autre chose que des extrémismes siscionnistes impensables et les referenda impraticables. La littérature onusienne sur la question du Sahara marocain, on en a eu à profusion depuis des décennies, sans résultat probant. Il semble que cette fois-ci, le contexte régional et international est de nature à permettre des propos un peu moins ambiguës, voire un peu plus explicites.
Tout en souhaitant au peuple algérien paix et prospérité, force est de reconnaître que la situation actuelle en Algérie serait favorable à une mutation positive de sa position sur le Sahara marocain. Cela dépend, évidemment, de l’évolution du «Hirak» où tous les scénari restent ouverts. Ce qui est exigé par la rue avec ses processions en continue et au nombre croissant à chacun des onze vendredis de dénonciation et de rejet, soit plus de deux mois, c’est l’abolition du système Bouteflika et le départ de ceux qui l’ont si longtemps incarné. Lorsqu’on évoquait l’implication manifeste de la junte militaire et ses acolytes civils, qui ont fait main basse sur la rente du pétrole, on était qualifié de rabâcheurs de clichés éculés, propres à remuer des jalouseries de voisinage. Une fois le couvercle levé, la dimension de cette rapine à coups de milliards de dollars est ahurissante. Une fois cette mise en coupe réglée du pays neutralisée, il faut juste espérer que les choses évoluent pour le mieux en Algérie et les pays de la région. En somme, un voisinage de bon aloi du genre gagnant-gagnant.
YOUSSEF CHMIROU
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
Une constante étrange. Les Marocains s’intéressent au pétrole algérien plus que les algériens eux-mêmes. Aucune analyse économique, politique ou sociétal sans que ça ne déborde sur le voisin et son pétrole.
Maintenant l’espoir fait vivre. Le hirak va faire changer le pays de position sur le Sahara occidental. Ouvrir les frontières. Demander des excuses pour le retard. Dédommager les habitants de l’oriental qui ont eu a souffrir de cette fermeture. Vous céder Tindouf et Béchar. Et la liste est ouverte.
Parfois ce n’est que la vérité qui blesse. Et l’Algérie, jusqu’à nouvel ordre, tente et continue de tenter d’éviter d’être blessée en claironnant sur les toits du monde sa neutralité mensongère et grotesque dans le dossier du Sahara occidental marocain. En persistant d’aboyer dans ce sens, elle ne fait qu’elargir de plus en plus le cercle des esprits de bonne foi nourris de justice et de réalisme aussi bien historiquement, juridiquement que géographiquement. Le Maroc est dans son Sahara occidental en attendant de récupérer très prochainement son Sahara oriental. Que l’Algérie aiguise ses aboiements de plus belle !!!