Avril dernier, disparaît un homme qui a énormément marqué la recherche historique, en France et au niveau international.
Le nom de Jacques Le Goff (né en 1924) est associé à l’école des Annales, fondée en 1929 par Marc Bloch et Lucien Febvre, et qui a amplement renouvelé l’écriture de l’histoire, en investissant de nouveaux territoires (économie, société, mentalités, vie quotidienne), et en ouvrant la pratique historienne sur d’autres sciences sociales. Ce qui fait la force de Le Goff, c’est qu’il est d’abord un très grand médiéviste français, spécialiste de la France et de l’Europe au Moyen Âge ; mais ses travaux ont aussi inspiré des historiens qui s’intéressent à d’autres périodes et d’autres sociétés, car il a construit avec beaucoup de finesse différents objets tels que l’histoire du temps, des intellectuels, de l’argent, de l’imaginaire et de la mémoire. Peu avant sa mort, Le Goff, publia un livre intitulé Faut-il vraiment découper l’histoire en tranches ? Pour ceux qui ont suivi de près l’œuvre de Le Goff, l’ouvrage n’apporte pas beaucoup de nouveauté. L’auteur y reprend un thème qui lui est cher, c’est la question de la période en histoire. Qu’est-ce qu’une période ? Comment l’historien construit-il les périodes ? Comment les nomme-t-il ? Quels sont les contenus implicites du découpage en question, dit « périodisation » ? Ces contenus évoluent en fonction des représentations collectives, mais aussi en fonction des progrès de la recherche historique, ce qui amène les historiens à remettre en question les découpages en vigueur. C’est un sujet qui nous interpelle à plus d’un titre. Nous traiterons particulièrement deux périodes, à savoir le « Moyen Âge » et «l’époque contemporaine». En France, et en Europe, ce sont les intellectuels de la « Renaissance » qui ont donné le nom de « Moyen Âge » à l’époque qui les a précédés. La délimitation des bornes a varié. Le tournant du commencement, c’est le Ve siècle, avec les « invasions germaniques », et la chute de l’Empire romain d’Occident.
Par Abdelahad Sebti
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