Elisabeth Guigou est une « amie du Maroc » revendiquée. Personnage influent de la politique française, elle retrace dans cet entretien exclusif avec Zamane, son attache personnelle avec le Royaume. Enfance à Marrakech, jeunesse à Rabat, Mitterrand et Hassan II, affaire Ben Barka, etc.
Vous êtes née à Marrakech en 1946. Comment vos parents se sont-ils retrouvés au Maroc?
L’histoire commence par celle de mes grands parents qui vivaient en Algérie à la fin du XIXème et au début du siècle suivant. Des deux côtés, paternels et maternels, mes familles ont migré depuis l’Algérie vers le Maroc car leurs employeurs leur ont proposé de nouvelles opportunités. C’est ainsi que les deux familles se sont retrouvées à Marrakech. Mon père a par la suite participé en tant qu’officier à la Seconde Guerre mondiale. C’est aux côtés des goumiers marocains qu’il a combattu lors de la campagne d’Italie en 1943. Toute sa vie, il a gardé une grande admiration pour le courage et les compétences des guerriers marocains, qu’il a notamment vu en action lors de la prise du Monte Cassino. Mon père était peu bavard concernant la guerre mais lorsqu’il en parlait, c’était toujours pour louer l’héroïsme de ses compagnons d’armes. L’assaut sur la forteresse de Monte Cassino l’a particulièrement marqué. Il me racontait comment les goumiers marocains ont pu grimper avec des mulets jusqu’au sommet. D’après lui, certains ont attaqué les Allemands à l’arme blanche car ils manquaient de fusils. Après la guerre, mon père a pris le relais de mon grand père dans l’exploitation de vignes avant de créer, plus tard, sa propre usine de conserverie d’huile d’olive.
Lors de votre enfance à Marrakech, avez-vous vécu essentiellement dans une communauté française ou avez-vous eu l’occasion de côtoyer les Marocains ?
J’ai partagé les deux. D’une part, j’étais dans une école française, avec quelques camarades marocaines, mais on ne nous enseignait que très peu l’histoire du Maroc ou la langue arabe. D’autre part, en dehors de l’école, nous étions en contact avec les Marocains au quotidien. Je pense par exemple aux employés de mon père, qui lui, parlait parfaitement arabe.
Par Sami Lakmahri
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Le grand-père d’Elisabeth Guigou avait une petite maison au Guéliz, où il recevait, gratuitement, des malades pour les faire bénéficier de ses talents de guérisseur. Il était très discret. Moi-même enfant, souffrant d’asthme à Marrakech mais jamais durant mes séjours sur la côte, je suis allé attendre sur son perron, parmi des pauvres gens. Il m’a traité de quelques passes de son doigt mouillé de salive, et depuis lors, j’ai passé une grande partie de ma jeunesse à Marrakech sans souffrir. Le décompte des fréquences avant et après me permet d’affirmer que l’action de guérison est hautement significative.