A défaut d’employer la force, Moulay Ismaïl a opté pour la pression psychologique et offensive afin de reprendre Tanger aux Anglais, en 1684. Cette guerre d’usure remonte à novembre 1679 lorsque le sultan, dans sa politique de pacification du royaume, donne l’ordre au caïd Benhaddou, vice-roi du Gharb, d’assiéger Tanger et d’en chasser les Anglais, qui avaient édifié des murailles tout autour de la ville. Or, au lieu de mettre à sac la cité et de massacrer les ennemis, l’armée chérifienne commence par attaquer deux forts (Kendal et Jacques), puis par creuser deux tranchées en direction de deux autres forts, Anne et Montmouth, qu’elle finit aussi par récupérer. Là, Benhaddou fait dire aux Anglais qu’il est prêt à s’arrêter s’ils rasent les forts restants. Ces derniers refusent, les Marocains font donc sauter eux-mêmes les quatre forts puis reprennent le siège avec plus d’ardeur et un renfort de 8.000 hommes. Peu à peu, des garnisons sont contraintes de se rendre et d’autres forts sont détruits, mettant à mal le système de défense des Britanniques. Une seule vraie bataille éclate et fait 350 tués. Alors que le Maroc est en position de force et que le royaume s’en réjouit, les Anglais (qui n’ont plus que trois petits forts) demandent une trêve. En décembre 1680, Charles II, roi d’Angleterre, fait mandater un envoyé spécial auprès du sultan. Le 20 mars 1681, un traité de paix est signé pour quatre ans. S’ensuit un échange de bons procédés, des armes et le retour des prisonniers marocains pour Moulay Ismaïl, de la nourriture et la vie sauve pour les Anglais, qui finiront par quitter Tanger d’eux-mêmes.
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