Le sultan Mohammed Ben Youssef est très affecté par l’exil qui lui est imposé par la Résidence Générale. Touché aussi bien mentalement que physiquement, il ne se permet aucun divertissement et vit gravement la situation. Mais son fils aîné Moulay Hassan refuse l’accablement que subit son père. A peine débarqué en Corse en ce 23 août 1953, après un voyage humiliant dans un cargo militaire, il se démarque de son géniteur. Dans le livre entretien rédigé par Eric Laurent, Hassan II revient sur l’épisode du dîner offert par le préfet de Corse à la famille royale : « J’étais placé en face de mon père, et comme je n’avais pas déjeuné, je dévorais tous les plats. A la fin, lorsque nous nous sommes retrouvés seuls dans les couloirs », il m’a dit : « Mais vous n’avez aucun amour propre, comment vous et votre frère pouvez vous trouver le moyen de manger comme des ogres dans des circonstances pareilles, ce n’est pas croyable ». Je lui ai répondu, pour tenter de détendre l’atmosphère : « Ecoutez, sire, ils ont voulu nous tuer avec ce voyage en avion, je ne vais pas leur donner, en plus, le plaisir de mourir de faim’ ». A l’évidence, Moulay Hassan ne compte pas subir l’exil qui lui est imposé. Il en sera de même à Madagascar quelques semaines plus tard.
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