Une incursion dans les archives espagnoles peut réserver des surprises, comme l’existence d’espions des anciens colonisateurs au cœur du nationalisme marocain. Qui devinera l’identité de celui-ci ?
Confidents, «agents», ou plus crûment «mouchards» : pour surveiller le mouvement nationaliste, la France et l’Espagne ont eu recours à de véritables espions. La plupart de ces informateurs étaient bien sûr des Marocains, et, dans bien des cas, des nationalistes qui faisaient mine de lutter pour l’indépendance de leur pays, tout en espionnant pour le compte de l’une ou l’autre de ces deux puissances européennes.
Après l’indépendance, pour des raisons évidentes, les administrations françaises et espagnoles ont soit purgé leurs archives des noms de leurs précieux collaborateurs, soit imposé une longue durée – dépassant parfois la centaine d’années – avant de permettre aux chercheurs d’accéder aux vieux cartons jaunis par le temps, contenant les noms de l’« infamie ». Nous avons enquêté à ce sujet dans les Archives générales de l’administration, qui contiennent les fonds de l’administration civile et militaire du Protectorat espagnol au Maroc.
Comme prévu, la plupart des cartons dits «sensibles», ceux qui répertorient les noms des agents marocains à la solde des Espagnols, ont disparu. Mais d’autres, enfouis sous des amas de documents en apparence sans intérêt, permettent de suivre à la trace « l’œuvre » de ces confidents. Les noms de certains nationalistes connus y apparaissent. Mais ces documents nécessitent d’autres recherches, d’autres confirmations. Seul le travail d’un historien, qui s’immergera dans cette époque pour comprendre le contexte, permettrait de dévoiler ces noms, qui révèlent que l’occupant avait profondément noyauté le mouvement national de libération.
Par Adnan Sebti
Lire la suite de l’article dans Zamane N°9
test