Construite au milieu du XVIIIe siècle, la Sqala de Casablanca est le premier édifice digne d’une ville moderne. Érigée comme bâtiment militaire, elle est aujourd’hui une référence touristique, mais surtout un patrimoine historique unique.
A plusieurs centaines de kilomètres des côtes marocaines, une catastrophe d’ampleur mondiale se prépare. Au large de Lisbonne un matin de l’année 1755, un terrible séisme déchire les entrailles de la terre. Les ondes de choc et les tsunamis engendrés percutent de plein fouet la côte atlantique marocaine. La plupart des constructions y sont détruites. Tout est désormais à refaire.
Deux années plus tard et après une âpre guerre civile, Mohammed Ben Abdellah (1757-1790) s’empare du trône marocain. Dans tous les domaines, le pays est en chantier et le nouveau souverain compte bien mettre en pratique une politique innovante. La priorité est ainsi donnée au littoral atlantique qui voit la naissance de la ville de Mogador (Essaouira) en 1765, suivie de la fortification d’une petite bourgade de la Chaouia connue sous le nom d’Anfa, quelques années plus tard. Les historiens font remonter l’origine de cette place au « Moyen-âge » sans toutefois préciser son lieu exact. Le doute demeure chez les chercheurs en archéologie qui ne sont pas convaincus que l’actuelle Casablanca était peuplée au temps des Almohades. La plus ancienne référence d’un plan urbain moderne à Anfa remonte donc à la construction de la Sqala durant l’année 1769. Cet édifice devient en conséquence le plus fidèle témoignage de l’éclosion de la future capitale économique du royaume. Il traduit également la nouvelle orientation urbaine prônée par le pouvoir, concernant essentiellement les cités du littoral atlantique.
Par Sami Lakmahri
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