Sur la question du Sahara marocain, les Européens de l’UE ont choisi le confort des mots, plutôt que l’engagement pour la vérité historique d’hier comme d’aujourd’hui. Miracle, les Arabes de la CCG se sont, cette fois-ci, abreuvés de l’offre marocaine.
Dire que le dossier diplomatique du Sahara marocain connaît une autre embûche qui ne désarme jamais, est une lapalissade désolante. Ce décompte du temps qui passe et du temps qui reste, est constamment remis sur le tapis de l’ONU et de l’Europe. La dernière représentation sur ce sujet, date du vendredi 15 janvier 2021. Une quarantaine de pays, visioconférence aidant, y ont participé sur une initiative du Maroc et des États Unis. Avec un Donald Trump aux manœuvres suprêmes des USA, la première puissance du monde, rien ne passe comme une lettre à la poste. L’exemple le plus frappant et qui nous concerne plus que le reste est celui du retard de la validation d’un texte officiel reconnaissant enfin la nature d’un Sahara partie intégrante du territoire marocain. Force est de reconnaître une mal gouvernance criante où l’aspect vadrouille est revenu au galop. Une simple transmission dans les délais politiques et institutionnels aurait mis fin à une affaire factice depuis plus de quarante ans. L’appel mythique des citoyens américains à s’enrichir et d’un populisme qui a la peau dure. Quant à nous autres, principaux concernés, nous avons retrouvé nos petits défauts collectifs. Une fois de plus, nous avons pavoisé très tôt. La diplomatie marocaine, qui s’est montrée très active, a subitement pris des rides.
Les supports de communication sont constamment sommés de coller à l’actualité. Les faits continuent de courir sur les calendriers. D’ores et déjà, les 5 et 15 janvier de l’année en cours se sont déroulés sur fond de la question du Sahara marocain. Dans chacune de ces rencontres internationales, on y est allé de sa verve oratoire et répétitrice à l’envie. Sans plus et à la prochaine. Une triste réalité rappelée par Nasser Bourita, ministre des Affaires Étrangères.
Cette fois-ci, c’est l’Union Européenne (UE) et ses tergiversations continues à propos de la marocanité du Sahara qui était en point de mire. Bourita a précisément et à juste titre dénoncé le double jeu des Européens. Ainsi fonctionne l’Union Européenne ; qu’en est-il de l’expression diplomatique des pays arabes ? Dans les structures des États arabes, le rapport à la question du Sahara marocain est de plus en plus conforme à la nature et aux dimensions du problème.
Les six pays constitutifs du Conseil de coopération du Golfe arabique n’arrivaient plus à se réunir. Certains de ses membres, ne pouvaient même plus se voir, encore moins s’asseoir à une table de négociations. C’est à se demander si l’on peut leur confier le dossier de notre Sahara. Dans cette mésentente où l’on parle beaucoup pour s’écouter peu, la palme d’or revient à l’Arabie Saoudite et au Qatar. Malgré les formules et les attitudes de circonstance qui peuvent être trompeuses ; ces deux pays reflètent deux visions du monde. Le Qatar se veut porteur d’un projet de modernité entrouvert sur l’extérieur ; tandis que l’Arabie Saoudite semble se contenter du statut universel de gardiens du dogme islamique, de préférence sunnite. C’est dans cette atmosphère fondée sur la durée institutionnelle et le dollar triomphant que la diplomatie marocaine ne cesse de se frayer un chemin pragmatique, par delà les bons procédés d’usage mutuel tel que l’on en a vu le 5 janvier 2021 à Al Oula en Arabie Saoudite. Ce Conseil sera marqué par deux événements majeurs, la réconciliation entre l’Arabie Saoudite et le Qatar ; et le soutien du CCG à la défense par le Maroc de son intégrité territoriale et de son Sahara.
Par ailleurs, le Conseil a souligné «l’importance du partenariat entre le CCG et le royaume du Maroc. Il a précisément recommandé d’intensifier les efforts pour concrétiser le plan d’action commun dans le cadre de ce partenariat qualifié de stratégique».
Aussi riches soient-ils, même si le CCG n’est constitué que de grandes puissances énergétiques et monétaires. Faut-il rappeler que le CCG compte parmi les regroupements financiers les plus puissants du monde. Il est prévu que les États du CCG deviennent détenteurs de 3500 milliards de dollars. Là où le bât blesse, c’est lorsqu’on découvre sans être surpris, que l’essentiel de ces capitaux pharaoniques est investi en Europe, entre autres. De plus, le CCG se prépare à devenir l’une des principales plaques tournantes du commerce et de la finance internationale. Jusqu’ici, le choix des partenaires privilégiés porte sur le Moyen Orient, l’Afrique et l’Asie du Sud-Est. Par contre, il n’est pas promis que cet éclectisme doré perdure. Le Maroc, à travers le CCG, voudrait bien être de la partie. Sa position géostratégique, plus que l’argent facile du pétrole, milite pour la réalisation de ce vœu qui n’est pas inaccessible.
Même si la barre est placée trop haut, rien n’interdit une rêverie politique ; le cas échéant, avec Joe Biden, héritier de Donald Trump. Biden remettra-t-il en question ou pas la décision de Donald Trump sur la marocanité du Sahara ? L’interrogation hante les esprits. Avec une réponse positive pour l’inviolabilité du texte paraphé par Trump au nom de l’État américain.
Par Abdellatif Mansour