Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées à la tête des Archives du Maroc?
Lorsque j’ai été nommé par Sa Majesté, rien n’était prévu pour me faciliter la tâche : ni local approprié, ni personnel, ni budget. Il m’a fallu batailler quasiment en solitaire. C’est avec peine, par exemple, que j’ai pu obtenir sept postes budgétaires pour l’année en cours, avec un budget dérisoire de quelque 600 000 DH. On ne démarre pas sérieusement une institution qui a vocation à gérer des archives nationales avec de tels moyens. J’ai l’impression que nos décideurs ne réalisent pas vraiment tous les enjeux d’une telle institution. Il faudrait peut-être leur rappeler qu’il n’y a pas d’Etat moderne et de démocratie sans une gestion moderne et transparente des archives.
Le Premier ministre a récemment émis une circulaire demandant aux organismes publics de collaborer effectivement avec les Archives du Maroc. Etait-ce une suggestion de votre part ?
En effet, j’ai notamment proposé au conseil d’administration des Archives du Maroc, le 24 août dernier, de demander au chef du gouvernement de diffuser une circulaire. Ma proposition a été adoptée à l’unanimité par le conseil d’administration et le Premier ministre a donné suite assez vite à la recommandation. Cette réactivité encourageante me laisse espérer qu’il répondra positivement à deux autres recommandations : instaurer une journée nationale des archives et prendre les mesures nécessaires pour récupérer les copies d’archives relatives au Maroc et conservées à l’étranger, particulièrement en France et en Espagne.
Comment envisagez-vous l’avenir des Archives du Maroc ?
Malgré toutes les entraves, je suis optimiste de tempérament. Je souhaiterais que le gouvernement dote Archives du Maroc de moyens financiers et humains lui permettant d’accomplir pleinement sa mission. J’aime bien faire du bricolage chez moi le dimanche, mais pas quand il s’agit de mon pays. J’aimerais investir toute mon énergie dans le cadre d’un travail professionnel dont les retombées positives sur l’avenir du Maroc seraient incontestables. Le 30 novembre prochain, date anniversaire de la première loi relative aux archives du Maroc indépendant, nous organisons à Rabat une journée d’étude autour du thème « Les archives nationales : état des lieux et perspectives ». Une dizaine de ministères et établissements sont conviés à faire l’état des lieux des archives de leurs départements, ce qui contribuera certainement à baliser notre chemin.
Par la rédaction
C’est une question fondamentale eu égard à la portée des enjeux qui lui sont liés. Les archives nationales sont la mémoire du pays. Et l’on se doit de leur accorder toute l’attention qu’ils méritent. C’est une question également politique. Et ce n’est pas avec les moyens dérisoires actuels que nos archives, notre patrimoine à tous puisse être valorisé malgré les grandes qualités intellectuelles et la grande probité de si Jamaâ Baida qui en est en charge.