Le drame de Bouknadel nous rappelle que même s’ils sont rares, plusieurs accidents ferroviaires de grande ampleur ont marqué le Maroc. Retour sur les plus importants d’entre eux.
Mardi 16 octobre, un train assurant la navette entre Rabat et Kénitra a déraillé aux abords de Bouknadel. Bilan du drame ? Sept morts et 125 blessés ; et une onde de choc à travers tout le pays. Les internautes ainsi que de nombreux parlementaires ont pointé du doigt l’ONCF, régulièrement sous le feu des critiques, pour sa « mauvaise gouvernance », la « vétusté » et le «manque d’entretien » de ses équipements. Des critiques partagées par la Cour des comptes, qui avait déjà épinglé l’Office dans un rapport daté de 2015. Dix jours après le drame, une «enquête express», menée par la gendarmerie royale a imputé l’accident à un excès de vitesse. Le conducteur du train, poursuivi pour homicide et blessures involontaires, a comparu, en détention, le 30 octobre devant le tribunal de première instance de Salé. Pour rappel et à titre de comparaison, l’enquête sur la collision à un passage à niveau entre un train de marchandise et un véhicule de transport près de Tanger, le 17 février 2018, n’a jamais révélé aucune conclusion. Et ce, malgré les exigences du roi MohammedVI, qui réclamait une «enquête approfondie».
Les traumas du protectorat
Si les catastrophes de cette nature sont assez rares au Maroc, comparé au reste du continent ou à l’Europe, plusieurs accidents de grande ampleur ont entaché l’histoire ferroviaire nationale. Le 27 août 2014, le train 125 reliant Casablanca à Fès avait déraillé au niveau de la gare de Zenata, faisant un mort et plus d’une trentaine de blessés. Le 28 septembre 1993, la collision entre un train voyageurs et un train de marchandises sur la ligne Marrakech-Tanger fait 14 morts et 103 blessés. Cette tragédie était considérée comme la pire catastrophe ferroviaire de l’histoire récente du royaume. Sous le protectorat, plusieurs accidents ont également eu lieu. Et pas des moindres. En 1932, dans le cadre de sa politique de « pacification », la France décide d’envoyer des renforts au Maroc. Un régiment de 500 officiers, basé à Sidi Bel Abbès (Algérie) est envoyé à Oujda par train. Celui-ci déraille entre Zelboun et Turenne, une région montagneuse, avant de plonger dans un ravin. L’accident fait 52 morts et 280 blessés. Plus terrible encore, la tristement célèbre « catastrophe de Ouarzigha », à quelques kilomètres de Meknès. Les faits ont lieu le 24 juin 1945. En fin d’après-midi, un train mixte, rempli de militaires et de wagons citernes, opère un arrêt d’urgence à Ouarzigha. Le conducteur a repéré un enfant, qui vient de s’électrocuter en haut d’un pylône et descend à son secours. Mais le convoi est sur une pente et les freins cèdent fatalement. Le train part en arrière à toute vitesse, déraille puis s’embrase. Bilan ? 228 morts et un incendie qui a duré trois jours. Aujourd’hui encore, cette tragédie représente un véritable traumatisme chez les cheminots.