L’appel du roi Mohammed VI à une normalisation avec le voisin algérien sonne toujours « occupé ». Dommage… Cette énième tentative de rapprochement n’est pas la première de l’histoire récente des deux pays. Retour sur des initiatives trop souvent avortées…
La diplomatie marocaine est agacée par un écart de courtoisie manifeste de la part des autorités algériennes. En effet, l’appel à la normalisation lancée officiellement par le roi Mohammed VI à l’occasion de son traditionnel discours de la Marche verte, le 6 novembre dernier, est resté lettre morte près d’un mois plus tard. Pire, quelques réactions de responsables algériens n’incitent pas à l’optimisme. Le quotidien algérien El Watan a, par exemple, donné la parole à Abdelaziz Rahabi, ancien ministre de la Communication et diplomate de son état. Pour lui, la main tendue marocaine est une ruse, dont le but est de déstabiliser Alger. Rien que ça ! «Ce discours, qui est loin d’être innocent, pourrait être aussi lié à la situation interne de l’Algérie. Nous sommes à la veille d’une élection présidentielle et cela peut être un des éléments qui a encouragé le roi du Maroc à faire cette offre pour susciter probablement un débat en Algérie ». Un débat justement encouragé par Rabat qui ne cache plus son désir de normalisation dans l’intérêt de toute la région. Depuis la fermeture des frontières en 1994, les occasions de faire table rase du passé sont rares. Mais cette crispation n’a pas toujours prévalu dans le passé récent des deux pays frères, mais rivaux. Si la question du Sahara cristallise les tensions depuis 1975, crises et détentes remontent au début des années 1960 déjà. à cause de différends frontaliers, Rabat et Alger en sont même venus aux armes lors de la guerre des sables en octobre 1963. Mais grâce à l’initiative de l’OUA (aujourd’hui UA, Union Africaine), entre autres, un cessez-le-feu définitif et la signature d’un accord interviennent le 20 février 1964. C’est le début d’une courte mais prolifique période de détente qui voit la reprise officielle des relations diplomatiques entre les deux voisins (« Hassan II – Boumediene, la parenthèse enchantée », lire Zamane numéro 77). La question frontalière a même été au cœur d’une rencontre au sommet le 15 juillet 1972, où les deux chefs d’Etats signent un traité de délimitation de leurs frontières respectives. Mais la crise ressurgit trois ans plus tard suite à la Marche verte de novembre 1975, qui implique une nouvelle rupture des relations diplomatiques au bout de quelques mois d’escalade. Il faut attendre le 26 février 1983, pour voir Hassan II et Chadli Bendjedid se rencontrer à la frontière des deux pays. Ce qui aboutit à un accord sur la libre circulation pour les résidents et les biens entre les des deux voisins. Le projet de l’édification d’un « Maghreb Arabe » permet un nouvel épisode de détente en 1988. Hassan II effectue à cette occasion sa première visite officielle en Algérie, en participant au sommet de la Ligue arabe du 7 juin 1988. Un élan stoppé net après les attentats d’Atlas Asni de Marrakech, le 26 août 1994. L’enquête judiciaire marocaine accuse l’Algérie de passivité à l’égard de ses ressortissants coupables, selon Rabat, d’avoir fomenté l’attaque. Une fâcherie qui dure encore et qui prive l’ensemble de la région d’un véritable essor.
Vivement le prochain épisode de réconciliation.