Comment raconter le judaïsme marocain, son histoire, ses itinéraires ? Comment rendre justice à cette part de marocanité insondable, et surtout mise à mal par la tension et les aléas de l’actualité géostratégique ? Un livre formidable («Vues du Maroc juif : formes, lieux, récits», éd. Le Fennec) tente, en croisant les regards et les approches, dans une démarche multidisciplinaire, de répondre à ces questions et à bien d’autres. Florilège.
La grande séparation
« Peut-on reprendre la symbolique d’un moment historique particulièrement poignant, pour illustrer des sentiments remontés à la surface récemment parmi des populations maghrébines ? Le moment a bien été noté par les historiens : à l’issue de la cérémonie du 2 janvier 1492, par laquelle le royaume de Grenade n’a pas pu réprimer un ultime soupir puis un sanglot, au moment où il quittait définitivement son royaume pour rejoindre la foule de réfugiés, musulmans et juifs, dispersés en diasporas autour de la Méditerranée et au-delà. Certes, la vie en commun des différentes communautés avant le Reconquista n’avait pas été l’idylle que certains imaginent aujourd’hui. Du temps des Almohades, les juifs ont été soumis à une campagne implacable de conversion forcée. Déjà à l’époque, l’idéologie a cherché à «en découdre» avec la diversité religieuse ».
Editing Zamane
Lire la suite de l’article dans Zamane N°121