En l’espace d’une même décennie, deux voyageurs d’exception sillonnent inlassablement le monde. Alors que le Chinois Wang Dayuan foule le sol marocain en 1336, le Tangérois Ibn Battuta se rend dans l’extrême orient. Destins croisés.
Ils sont les héros d’une sombre époque où le moindre déplacement relevait de l’aventure. Une prise de risque considérée alors comme insensée. Pourtant, certains hommes sont prêts à braver tous les dangers, non pas pour la gloire, mais simplement par désir d’exploration. Parmi eux, deux individus que rien ne semble pourtant lier. L’un est né en Chine, tandis que l’autre est un amazigh du Maroc. Wang Dayuan est connu comme le premier explorateur chinois ayant atteint les rivages occidentaux les plus lointains. Son contemporain, Ibn Battuta, n’est pas en reste. Le Marocain effectue également des voyages mythiques qui le mènent jusqu’en Asie du Sud-Est et en Chine. Ces deux remarquables exploits sont par ailleurs réalisés quasiment à la même époque. Bien que la démarche ne soit pas tout à fait similaire, les aventures des deux explorateurs ont le mérite d’apporter des informations uniques sur les mœurs et les pratiques de lointaines peuplades. Ibn Battuta rédige sa «Rihla» (relation de voyage) qui fait sensation auprès des cours musulmanes du XIVe siècle. Ce livre est également un «best-seller» en Chine où il est diffusé bien plus tard au cours des années 1980. De son côté, Wang Dayuan publie en 1349 son carnet de voyage intitulé «Dao Yi Zhi Lu». Il y décrit minutieusement ses expériences de l’Afrique, notamment. A l’époque de leur parution, les deux ouvrages représentent des outils exceptionnels qui servent les intérêts des pays qui les possèdent. Ils permettront aux gouvernants du Maroc et de Chine d’établir des stratégies politiques et commerciales à l’égard de leurs lointains partenaires.
Par Sami Lakmahri
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