Près d’un siècle après les débuts de la presse, les Marocains s’approprient enfin les rotatives. La période post-indépendance reflète la boulimie des acteurs de la presse, impatients d’écrire une nouvelle page de leur saga. Mais le pouvoir guette les faux pas…
La presse est le miroir de la politique d’un Etat. Dans le jeune Maroc indépendant, cette vérité générale ne fait pas défaut. Encore largement imprégné du système colonial, le nouvel Etat marocain souhaite s’en défaire, notamment par l’intermédiaire des organes de presse. Toutes les voix politiques du pays tentent de se frayer une place dans l’espace d’expression, longtemps étouffé par la Résidence générale. Mais la France fait de la résistance. A travers le groupe de presse Mas (du nom de son patron, Pierre Mas), les désormais ex-colons souhaitent tout de même prolonger une relative présence, pour maintenir du mieux possible les intérêts économiques qui restent au Maroc. Le rapport de force a bien évidemment changé et les journaux phares du groupe Mas (Le Petit marocain, L’Echo du Maroc, La Vigie marocaine et Le Courrier du Maroc) voient leur ligne éditoriale s’aligner dans le sens souhaité par le nouveau pouvoir du roi. Un revirement des plus spectaculaires, puisque cette même presse lui a été farouchement hostile durant le bras de fer engagé par Mohammed V avec la Résidence au début des années 1950. Jusqu’à son rachat total en 1971 par le très influent Moulay Ahmed Alaoui, ancien ministre de l’Information, le groupe Mas se contente de diffuser des journaux d’information généraliste, contrastant avec les nouveaux organes marocains virulents et ultra-partisans. Ce n’est pas le seul aspect qui les différencient de leurs homologues marocains. La presse française est professionnelle et les journalistes ont été formés pour exercer ce métier. Après l’indépendance, le statut de la presse française a changé, comme l’explique l’historien Jamaâ Baida : « La presse Mas avait le statut de presse étrangère au Maroc, qui devait s’abstenir de faire de la politique ou de publier des articles susceptibles de choquer les Marocains. Cependant, le Syndicat national de la presse marocaine n’a pas cessé de contester son existence et de lui intenter des procès devant les tribunaux ». Tout en perdant de son influence, en raison de l’exil progressif des lecteurs français qui quittent le Maroc indépendant, la presse française assistera encore quelques années à l’incroyable et brouillonne effervescence des journaux marocains.
Par Sami Lakmahri
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J’ ai li votre intéressant article et peut-être vous pouvez m’ aider avec le suivant:
Je suis chercheur dans le champ de la seismologie de notre région (Péninsule Ibérique, Madère, Canaries, Maroc).
http://srl.geoscienceworld.org/content/early/2015/03/17/0220140178.short
Souvent, il y a des tremblements de terre qui sont ressentis tant à Portugal comme dans le Maroc et pour cela il est très intéressant de connaître les nouvelles publiés dans la presse marocaine sur ces évènements.
C’ est le cas des séismes du 20 MAI 1931, 25 NOVEMBRE 1941, 28 FÉBRIER 1969, 5 MAI 1969, 6 SEPTEMBRE 1969 et 26 MAI 1975.
Sera-t-il possible d’ obtenir des digitalizations de journaux marocains de cettes époques?
Merci pour votre aide et salut.
José Rodrigues Ribeiro
Esposende (PORTUGAL)